Un coup de coeur de Jean-Baptiste G.
Devant l’antique sculpture furent exhumés 254 squelettes masculins alignés sur sept rangées, une étrange disposition qui ne fut pas sans rappeler celle des phalanges d’infanterie en formation de bataille. Mais plus saisissant encore furent les couples que formaient certaines de ces dépouilles, figées dans la mort les bras enlacés au niveau du coude. Ce que Taylor avait découvert était en fait l’ultime demeure de l’une des plus fameuse troupe d’élite de Grèce ancienne : le bataillon sacré de Thèbes. Uniquement composée de couples d’amants, cette célèbre armée avait constitué le fer de lance de la cité des Labdacides, les rois légendaires de la ville de Thèbes. Constitué dans un moment de crise, en pleine Guerre du Péloponnèse, le bataillon s’illustra face aux troupes spartiates coupables de s’être emparées de la Cadmée, la forteresse sacrée de l’acropole thébaine en 382 av. J.-C.
James Romm retrace avec passion l’histoire de cette troupe d’élite unique et atypique qui par sa bravoure marqua la mémoire des anciens. Il éclaire d’un jour nouveau la question de l’homosexualité en Grèce ancienne, de la complexité des liens qui unirent ces couples d’hommes dans un cadre viril, guerrier et institutionalisé. A l’aide d’un grand sens du récit et d’une grande érudition, l’auteur redonne vie au fil des pages à l’antique cité de Thèbes et laisse voir la richesse de son histoire trop méconnue remplie de mythes et d’exploits héroïques. Si le bataillon sacré fut décimé par les troupes macédoniennes, sa postérité traversa les siècles, immortalisée sous les traits du lion de marbre de Chéronée.