Un coup de coeur de Libraires
De plus, ces derniers sont traqués, harcelés, leurs foyers sont même mis sous surveillance et ils sont passibles d’être arrêtés à tout instant. La plupart d’entre eux sont même contraints de fuir et de s’exiler, parfois de manière soudaine. Ceux qui restent se retrouvent à lutter contre un gouvernement répressif et dans une terreur absolue. En cet hiver 1933, la vie en Allemagne est loin d’être facile pour les artistes.
Le récit prend la forme d’un compte rendu de chaque journée importante du mois de février. On rencontre différents auteurs mais également des peintres, acteurs ou éditeurs de l’époque. On a accès à leur histoire, leur passé et même leurs sentiments à travers le texte riche en explications de Uwe Wittstock. Son ouvrage est également accompagné de documents, notamment des photographies. Le lecteur fait donc la connaissance d’écrivains tels que Bernhard von Brentano, Klaus Mann, Carl Zuckmayer, Thomas Mann et tant d’autres. Il apprend également le nom des œuvres polémiques ou majeures de 1933 et les événements de la vie littéraire à Berlin. L’ouvrage nous tient également informé de l’épidémie de grippe que traverse le pays à cette époque ainsi que des nombreuses agressions et exécutions civiles dues aux tensions politiques.
Février 1933 a donc été un mois crucial pour le milieu littéraire. La montée en puissance du parti nazi a bouleversé l’existence de nombreux auteurs ainsi que leurs carrières dont certaines, bien qu’étant prometteuses, se sont subitement éteintes. Nous notons que l’ouvrage ne traite pas que des auteurs réprimés en désaccord avec le gouvernement mais montre aussi le point de vue d’auteurs en accord avec l’idéologie nazie. Ainsi les tensions présentes dans le pays sont également visibles dans le monde littéraire : « la déchirure ouverte au sein de la population polarise aussi les écrivains. » En témoignent les nombreuses altercations au sein de l’Académie des arts de Berlin qui reflètent l’interférence du politique dans le milieu des lettres…
Un coup de coeur d'Adéla Pasquiers