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Boniments

Auteur : François Bégaudeau

Un coup de coeur de Anthony G.

Boniment (n. m.) : propos débité pour convaincre et attirer la clientèle.
Ainsi, en triturant les mots qui agissent comme écrans de fumée dans la sphère publique, François Bégaudeau met à nu les ruses du Capital et des marchands. S’il y a les mots qui sont, plus ou moins, d’évidents mensonges, il y a ceux qui sont de fausses promesses, des illusions. Ceux-là perdent simplement leur sens originel et se trouvent dévoyés à force d’usage et de mésusage. Sortez un vocable du dictionnaire, mettez-le dans la bouche des coachs, managers, journalistes ou politiciens (soit des experts en boniments) et celui-ci devient un jingle de publicité.

Il en va ainsi, par exemple, de résilience. D’un concept emprunté à la psychologie (ce qui, au passage, révèle une certaine tendance à la psychologisation des techniques de communication), en ressort un mot d’ordre politique : oubliez indignez-vous et veuillez accueillir résiliez-vous. Les mots ont un sens mais peuvent aussi être chargés en symbolique. De cette façon, le simple fait de tenir un gobelet dans votre main (occupant, de préférence, votre seconde main à autre chose) fait de vous quelqu’un d’occupé, quelqu’un qui réussit, un winner. Mais il suffit que les marchands de santé dégainent le mot trouble pour faire de vous l’un de leurs doux clients. « Version bienveillante de la maladie, le trouble est prisé des marchands de soin obligés à la bienveillance. »

En poursuivant un travail de déconfusion et en se posant en sémiologue-sociologue empli d’ironie, François Bégaudeau nous livre donc un petit mais délicieux manuel de désenfumage intellectuel dont nous attendons déjà avec impatience le volume 2, puis 3, puis 4…

« Comme on a l'âge de ses artères, le marchand a l'opinion de sa bourse. » Autrement dit : les mots du capital sont des fenêtres avec vue sur la marchandise.
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Résumé

Un essai analysant l'idéologie bourgeoise à travers les éléments de langage utilisés par cette classe sociale, du libéralisme aux algorithmes en passant par le burn-out, la liberté de mouvement, le télétravail ou les élections démocratiques. ©Electre 2024

Plus c'est gros, plus ça passe, dit-on, et cela ne vaut pas pour mes bonimenteurs. Comme sa morphologie l'indique, le bonimenteur n'est qu'à moitié menteur. Pour prendre, un boniment doit être un peu vrai. Il est un peu vrai que cet écran est plat, et plus léger - le portant, je le vérifie -, et plus confortable pour les yeux-rivé à lui, je suis confort. Il est un peu vrai que nous autres sujets des régimes capitalistes prototypiques sommes libres de nos mouvements. Nous pouvons nous déplacer autant que le permet notre salaire. Il est un peu vrai qu'un télétravailleur peut disposer de ses horaires. Il n'est pas archifaux que nos élections sont démocratiques. Les marchands ne mentent pas complètement en disant qu'ils créent de la valeur, créent de la richesse. Ils oublient juste de préciser que cette richesse leur revient.

La langue du capitalisme ne doit pas être démasquée, elle doit être passée au crible sec de la précision.
F. B.

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Fiche Technique

Paru le : 13/01/2023

Thématique : Textes de sociologues

Auteur(s) : Auteur : François Bégaudeau

Éditeur(s) : Amsterdam

Collection(s) : L'ordinaire du capital

Série(s) : Non précisé.

ISBN : 978-2-35480-261-5

EAN13 : 9782354802615

Reliure : Broché

Pages : 209

Hauteur: 18.0 cm / Largeur 12.0 cm


Épaisseur: 1.6 cm

Poids: 186 g