Un coup de coeur de Charline
Le contrat social n’est-il pas avant tout un contrat racial ? Publié en 1997 aux Etats-Unis, et jusque-là jamais traduit pour le public francophone, Mills théorise ce contrat “politique, moral et épistémologique” qui “norme (et racise) l’espace”, “délimite les espaces civils et sauvages” , “établit le statut de personne et de sous-personnes”. En tant que pionnier de la sociologie politique américaine, il ancre sa réflexion depuis les réalités et les expériences matérielles des “sous-individus”, identifiant alors la suprématie blanche comme un système politique et économique dont découle le racisme, le privilège, la domination.
Au-delà de sa perspective critique et historique sur l’esclavage et le colonialisme, la pensée de Mills est aujourd’hui d’autant plus fondamentale et précieuse à découvrir qu’elle éclaire notre actualité post-BlackLivesMatters et post-Floyd. A l’aune de ce contrat racial, cet “ordre normatif hégémonique”, il appelle à changer les structures politiques et la justice distributive de nos sociétés.
Ne passez pas à côté de ce livre-monument, à la portée de toutes et tous, devenu un incontournable de la philosophie politique et de la théorie critique anti-raciste. Un grand merci aux éditions Mémoires d’encrier, ainsi qu’au traducteur Aly Ndiaye (alias Webmaster), de permettre au lecteur d’aujourd’hui de découvrir ce grand penseur américain que fut Charles W. Mills.