Un coup de coeur de Marilou M.
Dans ce nouvel essai, la professeure en philosophie et fondatrice de l’association Animal Testing Audrey Jougla met en lumière le rapport de l’homme à l’animal, et questionne les usages humains qui nuisent à notre écosystème.
Utilisés pour nous nourrir, nous divertir, nous soigner ou nous consoler, les animaux doivent voir leur identité réaffirmée : c’est ce que propose l’auteur au travers de son expérience personnelle, et de témoignages de professionnels du secteur agroalimentaire.
Des textes de la Genèse aux films d’animation Disney, les animaux accompagnant le protagoniste n’ont jamais qu’une utilité narrative qui souligne l’héroïsme du personnage principal. Cet usage a participé à notre perception biaisée des animaux: on oublie aisément que les bêtes “ne sont pas à notre service, mais à notre merci.”
Ici, pas de tabou : la domestication, la corrida, la chasse et l’industrie pharmaceutique sont abordés. Notre vie vaut-elle plus que la leur ? Selon Audrey Jougla, tout est perpétuation de rapports de forces : si elle évoque la barrière de l’océan et le colonialisme de nos sociétés occidentales, il faut aussi considérer la barrière du langage dressée entre l’homme et l’animal pour espérer changer de paradigme éthique.
“Les écosystèmes que l’on cherche à préserver devraient l’être avant tout pour les animaux, et non pour les seules ressources qu’ils nous offrent.”
Alors que l’écologie est au cœur du débat public, la jurée du prix Maya rappelle qu’il est indispensable de politiser la cause animale, et fait également le rapprochement entre cette dernière et la cause féministe, faisant de ce texte une introduction à l’écoféminisme sous un prisme nouveau. La condition des femmes et la condition animale sont toutes deux victimes d’un système de domination, mais leurs combats se rejoignent à un endroit : le désir urgent de repenser notre société.
Si le sujet abordé est dense et complexe, l’auteur nous offre une réflexion éclairée tout en nous laissant entrevoir de l’espoir pour l’avenir.