Antigone décide d'enterrer le corps de son frère, par amour et par défi. Inspirée de la pièce Antigone de Sophocle, l'héroïne est replacée dans un contexte et une langue moderne pour appuyer les correspondances avec l'actualité. ©Electre 2025

Tandis que la fête éclate au loin, une jeune femme se penche sur le cadavre de son frère et veut l'enterrer, par amour et par défi. Elle s'appelle Antigone.

Encore Antigone ? ! Plus que jamais Antigone !

Tout en s'inspirant de la pièce de Sophocle, Axel Cornil, un jeune auteur en fait l'héroïne de l'une de ses premières pièces en lui apportant un regard et une langue d'aujourd'hui. Il offre ainsi à l'histoire et aux personnages un souffle contemporain, propice à séduire de nouveaux publics par le parallélisme avec une actualité brûlante.

Créon : Tu veux de la réalité ? ! La réalité est que l'Etat ne peut plus souffrir les querelles personnelles.

Antigone : Nous ne sommes rien d'autre que le sang.

Créon : Nous sommes ce que nous décidons d'être.

Antigone : Il n'y a pas de réalité en dehors de la peau et des veines. Si je décidais de pisser debout ou de coasser, je ne deviendrais ni un homme ni un corbeau. Je resterais me femme, née dans cette ville, ayant tel père et telle mère.

Créon : Splendide perspective d'avenir ! Nés dans la misère, nous devrions rester miséreux, baigner dans notre crasse et laisser les puces nous ronger. Voilà pourquoi j'aspire à un monde sans tradition, à un monde balayé de toute pensée pourrie par la charge séculaire de la connerie ! Tu nous fais retourner en arrière, pas de quelques heures, quelques jours ou années mais de plusieurs siècles... Tu n'es qu'une bête primitive sortie de sa grotte, face rivée au ciel, scrutant les étoiles. Je crois, moi, que l'homme est voué à s'élever, à transcender sa condition.

Antigone : Rien que ça...

Créon : Quand les gens apprendront que ma propre nièce se fout de moi, que penseront-ils ?

Antigone : Ils se foutront de toi aussi. Et les corps seront enterrés, tous les corps.