En prenant pour exemple la France puis l'Alsace, l'auteur évoque les liens entre République et démocratie. Il illustre son propos à l'aide des notions d'Etat-nation, de nouvelle gouvernance, de diversité, entre autres. ©Electre 2025

La république à l'épreuve de la démocratie

La République française se distingue par un étatisme marqué et une centralisation qui l'est tout autant. Ce modèle s'inscrit dans une tradition visant à rassembler la nation autour de l'État et même à construire la nation par l'État. Il tient à la fois de la monarchie absolue et du projet radical de la Révolution, ce dernier concevant la nation et l'État comme un tout singulier et sans différenciation ou subdivision. Pour ses tenants, l'État-nation se présente comme l'espace par excellence pour l'engagement démocratique. Soutenir l'idée de sa réforme implique à leurs yeux, un affaiblissement de la démocratie.

Question : la démocratie peut-elle exister sans l'État-nation ? L'État-nation l'instrumentalise-t-il à ses propres fins ? Une identité nationale fondée sur une double uniformité, linguistique, culturelle et historique d'une part, gouvernementale d'autre part, est-elle l'équation parfaite ?

Bien que la démocratie française ait prospéré en son sein, n'est-il pas pertinent de concevoir que le modèle d'État-nation soit obsolète, dispendieux et égocentré, et, par conséquent, d'explorer une forme de démocratie qui transcende ce cadre, une démocratie capable de concilier l'unité et la diversité ?

C'est ce qu'ont fait les démocraties, allemande, suisse, italienne, belge, espagnole et britannique, étudiées dans ce livre. Elles ne se sont pas pour autant effondrées, bien au contraire. Elles se nourrissent, avec bonheur, de la diversité qu'elles promeuvent ! Et elles apparaissent toutes bien plus démocratiques que la France, car l'impératif démocratique ne réside pas dans l'unité dans la similitude, mais dans l'unité dans la diversité, dans la reconnaissance et la conciliation des différences, et dans la conjugaison de l'égalité et de la non-discrimination, notamment des identités régionales.

L'Alsace, qui reste sur sa faim en matière de démocratie régionale et locale, appelle la France à une nouvelle gouvernance, à une régénération de la République fondée sur l'acceptation de la pluralité et de la multipolarité. Elle l'appelle à intégrer l'idée que l'union s'enrichit de la diversité et à s'inscrire dans une démarche de rénovation d'un système né de la centralisation monarchique et du raidissement révolutionnaire, afin de l'adapter aux dynamiques politiques et sociales contemporaines.

La France est régulièrement tentée par plus de régionalisation, mais s'en effraie très vite au moment d'entreprendre, tant le centralisme imprègne la culture politique française. Cet ouvrage entend contribuer à la culture politique citoyenne. Il vise également à briser le plafond de verre, c'est-à-dire les barrières, qui empêchent la diversité régionale d'accéder au rang d'élément reconnu de l'identité nationale et, ce faisant, d'être intégrée dans le mode de gouvernance.

Son intention est aussi de démontrer les multiples avantages de la régionalisation, tant démocratiques qu'économiques, comparativement au système centralisé, choses bien insuffisamment pensées en France. La problématique politique à laquelle elle est actuellement confrontée devrait être propice à une réflexion sur son système politique.