Un coup de coeur de Rayon Histoire
Après la baleine, le loup, le taureau et le corbeau, Michel Pastoureau continue de revisiter l'histoire culturelle par le monde animal en s'intéressant cette fois-ci à un équidé trop souvent mal-aimé : l'âne. Dans l’Antiquité, l’âne est un animal de travail utile et respecté. Concurrencé par le cheval, sa représentation en société s'étiole au Moyen Âge, où il devient un symbole de bêtise, de paresse et de pauvreté, malgré son rôle positif dans la tradition chrétienne. Il faut attendre le XVIIIe siècle pour voir une progressive réhabilitation de l’équidé, perçu alors comme un animal doux, patient et attachant. Notre relation avec l’âne n’est donc pas simplement utilitaire, elle est profondément culturelle et évolue avec le temps.
Avec une écriture à la fois érudite et accessible, Michel Pastoureau nous transporte dans une histoire des représentations et des mentalités sur un temps long. Il croise des sources très diverses telles que des figurines en bois de l’Egypte antique, des œuvres littéraires comme L’âne d’or d’Apulée ou le Roman de Renart, un vitrail de la cathédrale de Chartres, une peinture de Marc Chagall ou encore des armoiries et des emblèmes comme l’âne du Parti démocrate américain.
C’est ainsi une lecture vivante et stimulante tant les anecdotes et les œuvres artistiques se découvrent à chaque page avec un travail éditorial particulièrement soigné. C’est aussi plus largement une magnifique réflexion sur nos manières de regarder le monde animal avec nos croyances et notre imaginaire collectif.
Hugo T.