D'autres éléments complètent l'étrange mise en scène : un adolescent hébété est assis près de la piscine dans laquelle flottent des poupées, alors que résonne à fond un CD de Mahler… Il n'en faut pas plus au commandant Martin Servaz de la Brigade criminelle de Toulouse, à quelques kilomètres de là, pour prendre l'affaire en main d'autant plus que le jeune homme en état de choc n'est autre que le fils de son ancienne compagne Marianne, et un élève de la victime, son professeur Claire Diemar. Hugo se trouve également être un camarade de la fille du flic, Margot, tous deux admis au sein de la prestigieuse classe de préparatoire littéraire qu'a fréquenté Martin une vingtaine d'années auparavant. Et si la musique de Mahler était finalement adressée à Martin Servaz lui-même, de la part du tueur en série qu'il avait pourtant réussi à appréhender dans son premier opus, Glacé : non seulement on apprend que Julian Hirtmann s'est évadé de l'Institut psychiatrique Wargnier mais il partage avec ce policier, son double en quelque sorte, la même passion pour le célèbre compositeur… Cette signature de la scène de crime annonce-t-elle la vengeance du psychopathe ou n'est-ce qu'un piège tendu pour s'en prendre personnellement à Martin ? Hasard ou paranoïa ? Comme dans tout bon thriller qui sait jouer de rebondissements haletants et de scènes effrénées parfois éprouvantes pour la sensibilité du lecteur, Bernard Minier va adjoindre à l'enquête principale et personnelle de Martin Servaz les renforts de sa fine équipe (ses collègues forment une belle pléiade de seconds rôles) alors que dans l'ombre, sa fille Margot recherche officieusement les coupables, intriguée par les réunions d'un mystérieux « cercle » d'étudiants qui semblent mêlés de près à l'affaire de leur professeur assassinée.
Menée tambour battant autour de plusieurs suspects, ménageant des pauses musicales (alternant la musique classique au rock de son collègue Espérandieu) et footballistiques (nous sommes en pleine Coupe du monde de 2010, et la bérézina de l'équipe de France va bon train à la Crim'), l'intrigue replonge Martin dans les soubresauts de son passé à Marsac. De terribles intermèdes révélant une femme anonyme retenue prisonnière par un fou tout aussi mystérieux va se refermer sur Martin Servaz comme une mâchoire, le « cercle » se bouclant à la fin du roman pour ce flic « lettré et solitaire » qui nous a définitivement conquis dans ce deuxième volet !
Si vous n'aviez pas lu
Glacé qui nous avait fait frémir l'an dernier en nous révélant la plume alerte et terrible de Bernard Minier (
lien vers notre coup de cœur), sachez que vous pouvez lire
Le cercle sans aucun scrupule et que vous attendrez impatiemment comme beaucoup la suite des aventures de Martin Servaz qui a désormais sa place au sein de la famille des écrivains talentueux de thrillers.