Un coup de coeur de Mollat
De nos jours, les rapports entre les pays ne peuvent être réduits à une simple alternance entre temps de guerre et temps de paix. Entre les deux, l'on peut observer de longues périodes de « coopération internationale ». Cette coopération se traduit par de multiples actions telles que la reconnaissance de l'Autre, la recherche d'objectifs communs, la négociation… Le but à atteindre n'étant pas d'exclure le conflit mais de le contenir dans un cadre réglementé. Les nombreuses organisations inter-gouvernementales permettent cet encadrement ainsi que la présence de plus en plus prégnante du droit international qui introduit une logique juridique dans la régulation des rapports de puissance. Les ONG jouent également un rôle non négligeable car elles sont de plus en plus nombreuses et ont une influence grandissante parmi les acteurs de la coopération internationale. Contrairement aux siècles précédents, avant de faire la guerre, les États passent avant tout par la négociation collective. Celle-ci s'étend et s'institutionnalise au moyen d'actions solidaires visant à faire de la paix un objectif en soi, et non plus seulement un état d'entre-deux guerres. Ainsi, « La coopération internationale n'est ni la paix, ni la coexistence. A la fois moins que la paix et plus que la coexistence, elle apparaît comme un lent processus d'unification et de pacification du monde. »
L'auteur proscrit toute lecture idéaliste de la coopération internationale. Il ne s'agit pas d'une situation idyllique que l'on aurait réussi à atteindre. Il est fondamental de garder en tête que ce sont bien les rapports de force qui régissent notre monde. « La coopération internationale implique donc une situation d'interdépendance entre les acteurs dans laquelle chacun d'eux ne peut atteindre ses objectifs sans tenir compte de ceux des autres. »
Enfin, notons un point important dans l'évolution des relations internationales : la volonté de considérer le monde dans son unité et plus seulement selon le découpage des frontières. Petit à petit, au moyen de normes, de standards, de valeurs et de pratiques véhiculés notamment par l'ONU, une conception globale de la coopération est en train de se construire. Guillaume Devin conclue ainsi « Sans idéalisme : elles [les actions de coopération internationale] nous rapprochent sans faire disparaître les rapports de forces ; elles produisent des visions communes sans supprimer les différences ; elles pacifient sans éradiquer la violence. La coopération internationale construit notre monde, le seul qui soit impensable sans elle. » Un texte limpide et éclairant sur ce qui régit notre monde.