Un coup de coeur de Mollat
L'homme Kertész : variations psychanalytiques sur le passage d'un siècle à l'autre propose à travers l'analyse de huit lecteurs-psychanalystes des pistes de réflexions sur l'œuvre de l'écrivain hongrois. Autant de lectures différentes qui permettent d'aborder des thèmes traversant l'œuvre : la langue atonale, la question de la transmission, la théâtralité, le rapport au corps, le processus de distanciation…
Comme le souligne Clara Boyer dans sa postface éclairante, « l'écriture de Kertész s'apparente à une expérience analytique (…) ». On comprendra aussi que « les mots permettent de parler de choses qui n'existent pas. C'est l'expérience que nous faisons au cours d'une analyse. (…) Auschwitz fait de mots n'est pas Auschwitz vécu » (p. 52)
C'est donc dans une perspective psychanalytique que ces voix singulières engendrent échos et résonances sur l'œuvre de Kertész : les regards particuliers qui composent ce recueil permettent de mettre des mots sur une œuvre de l'innommable et de porter un regard neuf et original.
La lecture de Imré Kertesz n'est pas nécessaire au préalable pour apprécier la puissance des textes de cet ouvrage. Car si ces variations donnent des clefs originales pour décrypter Kertész, elles sont aussi une belle invitation à lire ce grand auteur.
Et comme l'écrit Beckett, un autre écrivain de l'innommable : « Dans le silence on ne sait pas, il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer. »