Un coup de coeur de Mollat
A mi-chemin entre l'adolescence et l'âge adulte, Daniel est comme tout le monde : complètement perdu. Or, le talent de Steve Tesich réside dans cette faculté de raconter un même phénomène vécu différemment par plusieurs personnages. Nous le constatons avec ses deux meilleurs amis, Misoria et Freud. L'un a peur de devenir ce qu'on attend de lui en suivant les pas de son père tandis que l'autre se laisse vivre, se complaisant dans la facilité d'un chemin tracé à l'avance.
Ce n'est pas un hasard si on perd de vue ceux qu'on pensait garder près de soi toute sa vie à la fin du lycée. Cette séparation, si elle est vécue comme un regret, n'est pas aussi douloureuse que Daniel l'aurait pensée. Il lui arrive simplement de traverser la ville en se remémorant quelques souvenirs à certains coins de rue avant d'affronter ce nouveau quotidien en solitaire.
La vie à la maison n'est pas des plus joyeuses non plus. Entre une mère qui lui conseille sans cesse de faire attention à lui tout en lisant son avenir dans une tasse de café turc et un père agressif avec qui il n'arrive pas à communiquer, Daniel n'y trouve pas sa place non plus.
Heureusement, il y a Rachel. Rachel qui est si merveilleuse et dont il est si amoureux ! Cependant, la jeune femme est bien trop énigmatique et lui refuse l'accès à ses pensées quant lui ne demande qu'à tout connaître de sa personne. Et l'y contraindre avec des déclarations d'amour et des poèmes ne suffisent pas à la convaincre de s'ouvrir à lui. Daniel ne manquera pas de persévérance et fera tout pour lui ouvrir les yeux sur leur amour, jusqu'à parler à ce père qu'elle chérie tant.
Price est un magnifique roman d'apprentissage qui ne manquera pas de vous passionner. S'il nous rappelle cette époque difficile que nous ne revivrions pour rien au monde, il nous montre aussi que rien n'est écrit à l'avance, que nous sommes maîtres de nos décisions et qu'il suffit d'un peu de volonté pour y arriver.
A tous ceux qui ont aimé Karoo, ce livre est pour vous.