Prenant en compte la problématique oedipienne, l'auteur fait le point sur les psychopathologies des adolescents en saisissant la singularité de leur histoire. ©Electre 2024

Période d'adolescence

Figures de souffrance

Certains adolescents qui consultent aujourd'hui donnent corps à un réel non suffisamment noué à la problématique oedipienne lorsqu'ils sont pris en tenailles entre des idéaux hors de portée vécus comme insaisissables par intolérance à la frustration et l'attrait d'une jouissance à portée de main résumée par la formule : « tout, tout de suite ».

L'auteur ne saurait se définir comme « spécialiste » du bébé, de l'enfant, de l'adolescent ou de l'adulte et encore moins « expert » d'une pathologie particulière au sein d'une même tranche d'âge comme, par exemple, l'anorexie, l'obésité, la dépression, la délinquance, etc. Prendre le parti d'être « généraliste » de la condition humaine c'est, à dessein, tourner le dos aux prétendus services dits « pointus » qui cloisonnent la souffrance en entités cliniques supposées être suffisamment spécifiques et autonomes pour rentrer, de force, dans des cadres nosographiques psychiatrico-psychologiques qui prétendraient être en mesure de trancher entre le « normal » et le « pathologique ». Or, faire l'impasse sur toutes les hypothèses étiopathogéniques humaines pour ne s'en tenir qu'à une grossière appréciation des faits observés ravalerait l'adolescent à une équation à une inconnue lui faisant courir le risque de rester inconnu au cours d'un processus d'exclusion pour solde de tout compte. Ce Tome II, « Figures de souffrance », se tiendra donc à distance du grotesque qui consisterait à produire un énième ouvrage qui rappellerait ce qui s'est déjà dit et écrit un peu partout depuis belle lurette sous forme de catalogue déclinant des thématiques étanches et indépendantes les unes des autres.

Rester sur le fil psychanalytique c'est s'intéresser davantage aux processus inconscients de la vie psychique qu'aux étiquettes diagnostiques redoutables car figeant l'adolescent dans des « cases » bien que par essence à cette période de la vie tout reste évolutif. C'est un fait, alors que des symptômes semblent affecter des jeunes de manière identique, il convient de saisir la singularité de l'histoire de cet adolescent-là au sein de sa propre trajectoire à la lumière des embrouilles de sa famille afin d'avoir certaines clés pour penser la « crise » avec le Sujet - soit une mise en perspective temporelle ayant fait l'objet du Tome I : « L'ère de famille ».