Un coup de coeur de Mollat
Pour commencer, définissons ce terme. Etymologiquement, un libertin est un esclave affranchi. Il est donc celui qui s'oppose, toujours en équilibre instable entre le licite et l'illicite. Il revendique alors une ou des libertés dans un contexte de censure. L'art de mettre à distance et d'utiliser l'interdit, telle est sa manière d'agir... Il ne cesse de surprendre par ses excès et l'emploi des contraires : de la beauté au grotesque, du viol aux subtilités de la gradation, de la perversité à la volupté, de la douceur des caresses à la cicatrice, enfin, de la discrétion mondaine à la crudité pornographique.
On peut donc pas le réduire à une doctrine car il est construit sur une diversité de libertins.
L'apogée de ce que l'on peut appeler une utopie, a lieu au XVIIIème siècle, période d'évolution des moeurs et des idées. L'épanouissement des désirs est en effet plus accepté, mais c'est essentiellement dans les hautes sphères que ce phénomène prend toute son ampleur.
Cependant, le libertinage doit essentiellement son importance à la littérature. Elle se trouve à mi-chemin entre rêve et réalité. Des auteurs comme Sade, Vivant Denon ou Choderlos de Laclos, ont énormément contribué à l'édification de ce mythe, à travers des ouvrages scandaleux.
Nous retrouvons encore aujourd'hui le refus de se laisser réduire au modèle commun, avec des événements tels que mai 68 ou les débats sur le mariage.
Le libertinage est par ailleurs présent au cinéma, au théatre, dans les livres.
Intellectuel, affectif et sexuel, si l'on s'en tient à son aspect léger, il essaie d'imposer la beauté du désir à l'heure d'un moralisme ambiant et du commerce grandissant de la pornographie.