Propose une réflexion transdisciplinaire et comparatiste sur la pertinence de la notion de "violences extrêmes" et sur la position du chercheur face à un tel objet de recherche. Les différentes contributions montrent que les violences extrêmes restent incompréhensibles en dehors de leur contexte social, économique, culturel et politique. ©Electre 2025

La Revue internationale des sciences sociales, créée en 1949 par l'UNESCO, est publiée en cinq langues: anglais, français, arabe, chinois et russe. Une version en espagnol se trouve sur internet, au site www.unesco.org/issj.

Elle vise à rapprocher les communautés de spécialistes des sciences sociales, et à porter devant un public international des informations et des discussions en sciences sociales, déjà familières aux milieux spécialisés.

Chaque livraison est consacrée à un thème particulier. Les articles de chaque livraison sont commandés par le rédacteur en chef en collaboration avec un conseiller de la rédaction pour le numéro. Des manuscrits non commandés peuvent aussi être pris en considération, paraissant sous les rubriques "Tribune libre", "Le milieu des sciences sociales" (articles sur des questions professionnelles dans le domaine des sciences sociales) et "Dossiers ouverts" (articles faisant suite à des échanges de vues thématiques antérieurs). Pour plus d'informations au sujet des abonnements, voir la troisième de couverture.

Ce numéro (174): Violences extrêmes

Conseiller de la rédaction: Jacques Sémelin

Chacun peut comprendre l'idée, aussi déplaisante soit-elle, que la force - éventuellement létale - puisse être mise au service d'objectifs politiques et, peut-être, en favoriser la réalisation. Mais que penser de ce qui, dans l'usage de la force, semble excéder toute logique d'instrumentalité politique, quand bien même une dynamique politique y serait perceptible? Peut-on - et doit-on - "rendre compte", du point de vue des sciences sociales, de la torture, de la mutilation, de la profanation, du génocide? Peut-on s'exposer au risque de les "comprendre"?

Face à ces questions ardues que toute l'histoire du XX^e siècle mais aussi l'actualité la plus récente ne cessent de faire ressurgir, ce numéro de la RISS propose une réflexion transdisciplinaire et comparatiste à la fois sur la pertinence de la notion de "violence extrêmes" et sur la position du chercheur face à un tel objet de recherche. Les différentes contributions montrent que les violences extrêmes restent incompréhensibles en dehors de leur contexte social, économique, culturel et politique; mais aussi qu'elles ne sauraient se réduire au contexte qui les rend possibles. Quant à leur analyse, elle est difficile, mais non impossible. Sans doute le choix d'un tel objet est-il d'emblée suspect, comme trahissant un "voyeurisme" malsain. Mais les exigences éthiques de la recherche n'en sont que renforcées, et dans l'attention fine à la fois aux contextes et aux événements, aux logiques de masse et aux individus, se situe la possibilité d'une véritable compréhension.