Ce numéro part du constat que des pratiques politiques, des façons de penser le politique, des processus de subjectivation passent aujourd'hui par la référence à la communauté et par des pratiques communautaires. La pensée et les pratiques actuelles intègrent des façons inédites de penser la communauté et le commun qu'il s'agit ici d'interroger. ©Electre 2024

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Chimères

Politiques de la communauté

Des politiques inégalitaires et répressives se justifient par une critique du soi-disant communautarisme, en se réclamant d'un universalisme moral et juridique ou d'une universalité de condition n'exprimant, le plus souvent, que les intérêts d'une communauté particulière dominante et gommant les différences réelles, la domination que certains groupes subissent. L'invention de communautés à combattre, la mise en avant de la question communautaire, ne sont-elles pas un des moyens du pouvoir actuel ? La gestion des populations passe par l'invention de groupes facilement identifiables, présentés comme des « communautés » identitaires, fermées et opposées aux autres, dangereuses pour un ordre social ou moral qu'il faudrait défendre.

Pourtant, des formes de résistance à cette logique du pouvoir se mettent en place et passent aussi par la constitution de vies communautaires qui affirment, par leur existence, des modes de vie et de pensée différents. Les outils technologiques actuels permettent également l'apparition de nouvelles formes de communauté, virtuelles et dispersées. Existent des façons inédites de penser la communauté et le commun, des pratiques communautaires et inclusives qui sont autant de façons d'inventer des formes de résistance et de vie.

Ce numéro de Chimères interroge ce rapport actuel entre pouvoir et communauté, ainsi que les façons dont « la communauté » peut apparaître, aujourd'hui, comme un outil politique autant que l'occasion de modes de vie et de pensée novateurs.