Un coup de coeur de Mollat
Il fut reçu à l'égal d'un chef d'Etat dans toutes les grandes capitales du monde. Ses trois mandats à la tête de la Commission européenne ont fait de Jacques Delors l'homme politique français le plus connu, le plus apprécié et le plus respecté hors de France. Aujourd'hui encore il est toujours reçu en hôte de marque tant son travail pour l'Europe a marqué les esprits.
Dix ans après avoir quitté ses fonctions officielles, Monsieur Delors comme l'appelait Margaret Thatcher, a peu changé. Les Mémoires qu'il nous livre sont à l'image de l'homme : pudiques. L'on saura tout ou presque de son engagement aux côtés de Francois Mitterrand, son refus de se présenter aux élections présidentielles, des travaux et des projets qu'il a livrés pour l'Europe où, en fin négociateur, il a su concilier les intérêts des différents Etats membres. Mais de l'homme rien ne filtre si ce n'est ce que la biographie officielle sait déjà : un parcours d'autodidacte de petit-fils de paysan entré par la petite porte à la Banque de France, son engagement militant dans différents partis, sa filiation à Pierre Mendès France... Mais sur sa vie privée : motus absolu .
L'énigme Delors, comme le qualifie certains commentateurs, continue d'impressionner car, même au bout de ces centaines de pages, on ne cesse de s'interroger sur cet homme, travailleur acharné et engagé tenant parfois tête à des chefs d'Etats et de gouvernement pour faire passer les réformes ,et qui n'ose monter sur une estrade tant la foule l'intimide. C'est sans doute cela le paradoxe Delors: être un homme politique sans faire de la politique ou dit autrement faire de la politique sans être un homme politique.