Un coup de coeur de Mollat
En 1989, Hideo Azuma (Manga-ka relativement connu au Japon) plaque femme, enfants et éditeurs. Journal d'une disparition relate en 3 petits histoires sa vie de sans-abris, son apprentissage du métier de technicien du gaz, sa cure de désintoxication pour soigner son alcoolisme. "Ce manga aborde la vie de façon positive et son style n'est pas réaliste" car, dit le héros "les dessins réalistes me feraient souffrir et m'attristeraient". C'est en effet par un dessin naïf et enfantin (les personnages sont tout simplement mignons) que l'auteur a voulu transcire son expérience traumatisante. Sincérité du propos, attachement au quotidien le plus scabreux et aux situations les plus graves contrastent avec la simplicité du trait et du ton. Ce contraste, qui dans un autre style rappelle le manga de Tezuka (MW, Ayako, ou L'histoire des 3 Adolph) où l'humour s'insinue dans le cadre le plus violent, n'est pas sans provoquer un certain malaise. L'exemple des scènes, irrésistiblement comiques, de suicide avortée ou de delirium tremens décrivent toute la détresse dans laquelle se trouvait le manga-ka acculé, mais témoigne également de son humour et de son auto-dérision.
Un entretien avec Tori Miki (auteur de l'énigmatique Intermezzo aux éditions IMHO) clôt le volume. N'oubliez pas de retourner la couverture. Vous trouverez au verso un autre entretien.
Bonne lecture.