L'histoire de la vie de Philibert Duféal couvre une période essentielle dans les mentalités martiniquaises de cette île devenue département français. De la période fondatrice de l'identité collective particulièrement riche en événements qui ont eu des retentissements à tous les échelons de la société et sur le plan international, Philibert Duféal est un témoin vivant. ©Electre 2024

La période couverte par l'histoire de vie de Philibert Duféal est de la plus haute importance pour qui veut comprendre les mentalités martiniquaises de cette « île-pays », devenue par un détour de l'histoire « département français » - l'un des trois à partager le même statut et à regrouper des composantes humaines plurales désincarnées en « ultramarins » pour les besoins de l'uniformisation. Davantage qu'un réseau de déterminations subjectives, explique Alain Blérald (1981), c'est bien la dramatique situation sociale des Antilles qui a poussé les communistes - qui y ont occupé les devants de la scène politique pendant près d'un demi-siècle - à rechercher dans les courants de pensée occidentaux, que sont le surréalisme et le communisme, les instruments critiques qui leur faisaient défaut. Une préoccupation objective qui transparaît dans leur analyse de la société coloniale.

De la période fondatrice de l'identité collective traitée dans l'ouvrage, particulièrement riche en événements qui ont eu des retentissements à tous les échelons du social et du sociétal de son « pays géographique », et sur le plan international, Philibert Duféal reste un témoin vivant. Certes, son histoire de vie ne remplace pas, l'étude systématique et méthodique qui, reste à entreprendre sur cette période incontournable dans la structuration de l'identité collective, qui est loin d'avoir livré tous ses secrets, mais elle ne manquera sans doute pas de susciter la curiosité des chercheurs et des historiens, autant que celle des individualités qui lui accorderont une place dans leur effort de compréhension de cet environnement physique et humain.

D'avoir recueilli les précieux témoignages de contemporains comilitants, tels que René Barclay, André Constant et Anique Claire Sylvestre, dans une certaine mesure, qui se sont prêtés à l'exercice contraignant de l'entretien ethnographique, a participé au désir d'alimenter la saine curiosité que les Martiniquais - et Antillais plus largement - développent de manière de plus en plus manifeste envers cette période féconde de leur trajectoire historique.