En expliquant la recrudescence de l'irrationnel, l'auteur propose une réflexion plus large sur les frontières entre religion et superstition. Un chapitre est notamment consacré à l'astrologie. ©Electre 2024

Tarot, spiritisme, graphologie, numérologie, astrologie ... la voyance a de l'avenir. Comment ce supermarché de l'escrologie où foisonnent d'innombrables sciences de pacotille peut-il encore perdurer ? Assurément le miracle existe et il est économique !

Polythéisme, vaudou, eau bénite, hostie, mauvais oeil, main de Fatima... Au premier abord, chacun est capable de reconnaître une religion d'une superstition, mais au fond, ne sont-elles pas des soeurs jumelles ennemies ? Au XlV^e siècle, une superstition désignait l'adoration des faux dieux, c'est-à-dire ceux des autres peuples. Dans ce cas, qu'est-ce qu'une superstition ?

Pour les philosophes, une superstition consiste à croire que des objets (talisman, hostie...), des paroles (prière, exorcisme), des pensées, des êtres réels ou fictifs ont un pouvoir magique. Objets sacrés ou êtres divins sont des porte-bonheur, à ceci près que Dieu se porte dans le coeur.

Baptême, communion, extrême onction sont - parmi les moyens d'exorciser le malheur - des assurances tous risques contre un hypothétique monde après la vie. Car à la base de toute croyance au surnaturel, il y a une peur : peur de l'avenir, du malheur, de la mort. Et la religion n'est pas près de nous rassurer avec son cortège de mythes de l'Apocalypse, de l'Enfer, du Purgatoire - lieu inventé au Xlll^e siècle - du Jugement dernier. Mais soyons rassurés au moins concernant les Limbes puisque Benoît XVI les a abolies en 2007 !

En somme, tous ces mythes ne sont pour les sceptiques que des arguments de persuasion pour soumettre les fidèles à une autorité supérieure. Il est vrai que Dieu - dont on dit qu'il voit tout, entend tout, nous espionne et nous juge en permanence vivants ou morts fait figure de grande caméra de surveillance qui a de quoi intimider comme le Big Brother de George Orwell. Les hommes auraient ainsi inventé des êtres repoussoirs (le diable, le croquemitaine) pour réprimer des désirs inavoués et exalter les vertus de ceux auxquels ils doivent moralement s'identifier ...