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La nature du peuple : les formes de l'imaginaire social (XVIIIe-XXIe siècles)

Auteur : Déborah Cohen

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Résumé

Comment écrire une histoire des catégories populaires en l'absence de témoignages écrits directs de leur part ? A l'aide des archives judiciaires, l'auteure a étudié comment les catégories populaires du XVIIIe siècle se sont elles-mêmes pensées comme groupes. Mais cette pensée sur soi des classes populaires dépend aussi du discours tenu par les élites. Une histoire des types de discours. ©Electre 2024

C'est du fourmillement des archives judiciaires qu'est né ce livre ; grâce à l'analyse minutieuse de cette matière concrète, formidablement vivante, l'auteur nous permet de comprendre comment les catégories populaires du XVIIIe siècle français se sont pensées comme groupe et comment les individus populaires ont construit une image d'eux-mêmes, jusque dans leur rapport le plus intime à leur trajectoire, à leur quotidien et à leur corps. Leur parole dit le sentiment d'indignité, tel Damiens, régicide inaccompli, à qui son juge demandait s'il n'avait pas souhaité parler au roi, et qui répondait «que non, que ce n'est pas un homme de son espèce qui ira parler au Roi». Parfois aussi, du fond du mépris dans lequel on les tient, des hommes du peuple disent haut et fort leur envie de liberté, leur défense des règles traditionnelles contre la volonté de contrôle des institutions.

Mais la manière dont les classes populaires se pensent et se vivent dépend de la manière dont elles sont pensées et parlées par les élites, qui ont le pouvoir de définir les places et les parts. La Nature du peuple est donc également une histoire intellectuelle des types de discours et de porteurs du discours sur les catégories sociales. À un discours naturalisant, qui fait des catégories sociales des essences immuables déterminant les comportements individuels, se substitue peu à peu, dans la seconde partie du siècle, un nouveau discours sur la société en général et sur le peuple en particulier qui fait place à un goût du fait et de l'observation. L'analyse participe ainsi de l'écriture d'une protohistoire des sciences sociales, certes non constituées en discipline, mais dont les méthodes s'amorcent timidement et qui sont ici étudiées dans les discours académiques, dans la littérature moralisante et dans les textes de l'économie politique naissante.

Ce livre nous convie donc à un voyage à la fois concret et conceptuel, du plus haut au plus bas de la société du XVIIIe siècle, entre écriture et oralité, soumission à l'ordre dominant et rébellions. Il le fait avec la conviction que quelque chose de cet Ancien Régime est en train de revenir : la figure d'un peuple opprimé mais glorieux, celle que portait le marxisme triomphant, est aujourd'hui dissoute en myriades d'individus que ne regroupe aucune conscience de classe et qu'on ne sait comment agréger, comment nommer. Le résultat est une forme d'invisibilisation des réalités plébéiennes. En cela, et par-delà le XIXe et le XXe siècle, notre époque et le XVIIIe siècle sont proches.

Fiche Technique

Paru le : 26/03/2010

Thématique : Histoire contemporaine générale

Auteur(s) : Auteur : Déborah Cohen

Éditeur(s) : Champ Vallon

Collection(s) : La chose publique

Série(s) : Non précisé.

ISBN : 978-2-87673-526-2

EAN13 : 9782876735262

Reliure : Broché

Pages : 441

Hauteur: 22.0 cm / Largeur 15.0 cm


Épaisseur: 2.8 cm

Poids: 560 g