A partir d'une documentation inédite formée de lettres envoyées ou reçues, C. Dorange-Poupinel a reconstitué la vie d'une aristocrate du XVIIIe siècle, Marie-Philippe de L'Ollivier de Saint-Maur, de son époux et de ses enfants, résidant au château de Couellan. Elle illustre en détail la vie bretonne de l'époque. ©Electre 2025

Ce livre n'est pas seulement la biographie d'une aristocrate bretonne du XVIII^ème siècle. Certes, il nous narre la vie de Marie-Philippe de l'Ollivier de Saint-Maur, marquise de Saint-Pern, celle de son époux René-Célestin, celles de leurs enfants et de bien d'autres personnages qui jouèrent un rôle important dans cette vie, tels Louis de Chambonnaud, Mathurin Morice ou les Magon de la Balue. Mais surtout, il fourmille de menus détails qui nous permettent de nous plonger dans la vie bretonne du XVIII^ème siècle.

Ainsi apprenons-nous comment se pêchait la morue à Terre-Neuve et comment on y brassait un succédané de bière, ainsi nous est décrit le rituel par lequel le nouveau propriétaire prenait possession d'un château ou encore comment se finançaient, vers 1780, les aventures maritimes malouines.

Mais surtout il est bien difficile de lire ce livre sans se prendre d'amitié pour cette femme, qui fut vingt fois mère, qui craignit pour la vie de ses fils pendant les guerres, qui s'employa à les aider à faire carrière, qui, sur la fin de sa vie, tenta, sans succès, de renflouer les finances de son ménage, et qui fut, avec presque tous les siens, emportée par la tourmente révolutionnaire.

Tout cela, l'auteur l'a retrouvé dans une abondante documentation inédite, formée des nombreuses lettres envoyées ou reçues par Marie-Philippe. Tout cela nous est illustré par une très abondante iconographie formée de photographies de tableaux anciens, de gravures d'époque et de quelques dessins dus à l'habile crayon de l'auteur. Voir, c'est comprendre et éprouver.

Certes, il ne faut jamais juger le passé en fonction des valeurs que nous prétendons avoir de nos jours. Certes, tout devoir de mémoire doit s'accompagner d'un devoir de pardon. Mais qui oserait prétendre que le fanatisme politique a disparu de nos jours ? Les êtres et les choses ne sont jamais ni tout blanc ni tout noir... Le portrait que nous trace ici l'auteur n'a rien de manichéen, il n'est qu'humanité et tendresse humaine.