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A l'occasion de l'exposition présentée au VOG, cet album décline les photographies réalisées par l'artiste en référence aux nombreux peintres qui l'inspirent (Manet, Le Caravage ou Van Gogh). ©Electre 2024
Essai d'Alexis Jakubowicz
Raveyre, Flash-Forward
Les images que Jean-Antoine Raveyre réalise après 2009 s'inscrivent dans le projet de Michael Fried, Contre la théâtralité : Du minimalisme à la photographie contemporaine. L'oeuvre inaugurale de son modernisme, si l'on peut dire, est un hommage à la peinture de Jackson Pollock, également célébré par Clement Greenberg. Avec The End (2009), reproduit en couverture, le photographe montre qu'il peut dans un espace euclidien satisfaire aux exigences de la frontalité. Rosalind Krauss a suggéré que la planéité des tableaux de Pollock était due aux entrelacs qui nient le rapport entre la figure et le fond, et empêchent la projection corporelle du spectateur. Les tableaux de Pollock offrent selon Krauss une impénétrabilité littérale. Jean-Antoine Raveyre produit le même effet en emmenant le dripping dans la profondeur d'un décor. Devant The End, il est presque impossible de savoir que les coulées de peintures sont réellement peintes dans les trois dimensions. Le photographe aurait pu obtenir ce résultat s'il avait projeté la peinture sur une plaque de verre et photographié la scène à travers. Il ne l'a pas fait car c'est un virtuose. Il bloque le regard du spectateur dans les conditions que demande la doctrine moderniste, mais résout la frontalité dans l'espace avec toutefois quatre exceptions méticuleuses : les projections, à bien y regarder, passent derrière le personnage, le globe sur l'étagère de gauche, le crâne et la clé à droite. Ces objets suspendus défient la théorie de Greenberg, qui exclut en principe la rencontre des arts. Pour le penseur du kitsch, la peinture et la sculpture ne doivent en effet reposer que sur des qualités particulières : l'une sur la planéité, l'autre sur le volume. Avec The End, non seulement Raveyre fait entrer la peinture dans l'espace de la sculpture, mais le fait à dessein photographique. Il contrevient aux prescriptions du modernisme et reproduit en même temps ses effets.
Paru le : 09/09/2011
Thématique : Ecrits sur la photographie
Auteur(s) : Auteur (photographe) : Jean-Antoine Raveyre
Éditeur(s) :
Ceysson-Editions d'Art
Collection(s) : Non précisé.
Contributeur(s) : Préfacier : Yannick Boulard - Préfacier : Alexis Jakubowicz
Série(s) : Non précisé.
ISBN : 978-2-916373-48-5
EAN13 : 9782916373485
Reliure : Relié
Pages : 76
Hauteur: 25.0 cm / Largeur 31.0 cm
Épaisseur: 0.9 cm
Poids: 715 g