Etude de la filmographie de R. Bresson (1901-1999) qui met en avant un paradoxe : il se sert de textes écrits et les adapte, mais en s'affranchissant du récit, tel que le conçoivent littérature et peinture. Se substitue au récit, le montage, technique propre à la réalisation cinématographique, permettant ainsi la dénarrativisation des films. ©Electre 2025
Le cinématographe de Robert Bresson se veut aussi différent du cinéma que de la littérature dont pourtant il s'inspire largement. La différence se situe au niveau du récit. Au cinéma, la caméra enregistre des acteurs jouant dans un décor. Le cinéma met le récit devant la caméra, il en fait l'avant du tournage : ce n'est là, pour Bresson, que du théâtre photographié. Le cinématographe en revanche est avant tout montage : c'est l'interprétation du spectateur qui fait des images et des plans enchaînés un récit, en quoi on reconnaîtra l'effet Koulechov. Le récit chez Bresson est l'après de la vision et le dehors de l'image. De ce postulat, qui définirait l'essence du cinéma, il tire une série de conséquences qui vont constituer son cinématographe. Si c'est à l'endroit du spectateur que se fait le récit, images et plans peuvent être libérés de leur contenu narratif : ils sont dénarrativisés. Pour l'image et le montage, c'est la fragmentation, la métonymie, l'asyndète ; pour l'acteur, c'est sa transformation en «modèle». La dénarrativisation permet ainsi à Bresson d'obtenir un double effet : en gommant le récit, il ne reste que de l'insignifiant qui produira un effet de réel, et de l'énigme, qui produira un effet de sublime.
Paru le : 03/02/2003
Thématique : Histoire du cinéma
Auteur(s) : Auteur : Jean-Louis Provoyeur
Éditeur(s) :
L'Harmattan
Collection(s) : Champs visuels
Série(s) : Non précisé.
ISBN : Non précisé.
EAN13 : 9782747537988
Reliure : Broché
Pages : 367
Hauteur: 22.0 cm / Largeur 14.0 cm
Épaisseur: 2.0 cm
Poids: 500 g
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