Graham Parson est une ancienne gloire du baseball. Tombé dans la déchéance suite à son addiction prononcé pour l’alcool, la drogue et le sexe, Graham voit sa femme et son jeune fils lui échapper mais également sa carrière prometteuse de joueur de légende.

Dépassé et au fond du gouffre, il trouve comme unique porte de sortie une carrière dans l’industrie du film pornographique. Maintenant performer, Parson à tout de même du mal à se faire une place dans ce monde qui lui était jusqu’alors inconnu. Mais lors d’une pause dans sa loge un jour de tournage, il va faire la rencontre d’une entité qui va bouleverser son équilibre. Un vieillard en décomposition lui propose un pacte : si Graham parvient à assassiner quatre personnes bien définies, il lui sera alors permis de retrouver sa femme et son fils.

Avec l’assistance de deux acteurs bodybuildé un brin idiot, il va sillonner les routes étasuniennes pour accomplir sa tâche. Mais non loin de là, un inspecteur aux talents canin est sur sa piste et compte bien l’arrêter.

Florian Pigé et Etienne Gerin nous livrent avec Speedball un récit déjanté, absurde, drôle et un peu plus mélancolique qu’il n’y paraît. 

Décidant d’ancrer les mésaventures de Graham en plein coeur des années 1970, Pigé s’inscrit alors dans l’âge d’or de la pornographie et use de se ressort comme levier humoristique pour confronter nos personnages à des situations burlesque et infantile mais toujours avec une grande bienveillance et force d’écriture, parfois subtile (l’inspecteur machouillant des biscuits pour chien en forme d’os qui une fois un bout coupé devient un pénis) et parfois moins (la raison pour laquelle Graham s’isole dans sa loge en début de récit). Et hors humour de situation, le découpage et le dessin aide grandement cette comédie (la case où Graham doit imiter un chien pour un tueur en série à une puissance humoristique folle avec la déformation du visage et l’hésitation du héros face à la situation, rappelant par moment l’écriture de Phil Lord et Chris Miller sur leurs films). Graphiquement, Etienne Gerin capte une essence cartoon-pulp et colorée à outrance rappelant l’esthétique propre à ces années 70-80 depuis grandement inscrite dans l’imaginaire collectif.

Mais toute comédie à son plot-twist, et ici il est plus mélancolique et dramatique que ce que nous pourrions penser. Le personnage de Graham à un réel parcours de développement et d’accomplissement, il ne s’agit pas seulement d’une comédie absurde dans le milieu de la pornographie. C’est la route de déchéance prise par un personnage perdu, ignorant ses propres faiblesses par peur et retrouvant un semblant de conscience face à ce qui compte réellement.

Excellente surprise comique et dramatique, Speedball est un OVNI qui se doit d’être découvert par le plus grand nombre et qui arrive à lier différents codes et genres pour notre plus grand bonheur.