On pourrait rajouter que c'est un livre absolument génial ! Mais on n'aurait pas dit grand chose...

La drôle de vie de Bibow Bradley commence par une phrase qui en arrêtera certains (je les connais) : "Ma putain de vie, je l'ai racontée mille et une nuits, dans c'pub pourri, torché comme pas permis, à plein de vieux poivrots qu'en avaient rien à battre". Ceux qui continueront vont être aspirés par le roman le plus rock'and roll de la rentrée !

Trois Robert Bradley cohabitent entre les quatre murs d'un bar pourri du fin fond de l'Illinois, trois générations de mâles Bradley qui ont chacun hérité d'un surnom : il y a là Bob (ou Bobby) le grand-père revenu borgne de la seconde guerre mondiale, Rob (ou Robby) revenu de Corée avec une jambe au lieu de deux et le jeune Bibow, troisième du nom qui n'échappera pas à la conscription et voit donc la guerre du Vietnam arrivée comme si elle n'avait été inventée que pour lui. A la guerre, comme à la guerre...Bibow découvre les charmes de la vie en communauté et en uniforme sous les hurlements de supérieurs sadiques puis, très vite, ceux non moins stupéfiants de la guerre, la vraie, avec tirs de mitraillettes dans la jungle et ennemis embusqués et potentiellement vicieux... Qu'est-ce qui fait la différence entre les gars de la patrouille qui vous talonnent dans la moiteur et les pauvres bougres susceptibles de jaillir du moindre fourré pour vous trancher la gorge ? Une chose est sûre, c'est que la recrue Bradley n'a de point commun ni avec les uns, ni avec les autres et de là à vider son chargeur indifféremment histoire de rentrer plus vite au campement...il n'y a qu'un pas. Démasqué dans ses agissements, le jeune Bradley pourrit en prison jusqu'au moment où le psychiatre en charge de son cas va débusquer chez lui une bien étrange qualité : il ne connaît pas la peur ! Engagé par la très puissante CIA, l'agent Bradley va œuvrer contre les communistes, les Beatniks et autres empêcheurs de dominer en rond : en pleine guerre froide, la CIA est partout, sa nouvelle recrue est aux ordres et apprend à déchiffrer les émotions sur les visages de ceux qu'il côtoie...

Satirique en diable, décapant, le roman d'Axl Cendres est une merveille de style, d'ironie et d'humour qui dresse un portrait très acide de l'Amérique des années 50 à 70 à travers le regard d'un anti-héros qui observe son monde sans prendre parti, critiquant autant les militaires que les hippies, un peu trop défoncés pour être à même de faire la révolution qu'ils appellent de leurs vœux. Seul le regard de Melly, en lui ouvrant la porte sur le territoire inconnu des émotions, va l'amener à faire le choix de sa vie...

Bon, je vous ai dit ça, je ne vous ai rien dit ! Au lieu de passer du temps à me lire, ruez-vous plutôt sur La drôle de vie de Bibow Bradley.