Le désir a été monté en épingle dans la psychanalyse, et Jacques Lacan n'y a pas peu contribué. Aussi a-t-il pu sembler qu'hormis quelques formules bien trempées il n'avait guère traité de l'amour. Avec L'amour Lacan, Jean Allouch montre que tel ne fut pas le cas, et que, bien plutôt, amour et désir exigeaient un abord différent.

En matière d'amour, aussi, Lacan innovait. Cela était exigible car, ayant investi sans y être invité le dispositif divan/fauteuil, devenu une expérience (amoureuse) dans une expérience (analytique), l'amour a bien dû s'y transformer.

Cette figure de l'amour que Lacan dessinait était si nouvelle et si différente de ce que l'on pouvait attendre d'un analyste qu'il n'était pas question pour lui de la mettre tout bonnement en avant (de lui consacrer un séminaire ou un écrit) sans quelque stratégie.

C'est par touches qu'il procède au fil des ans, en laissant sur le bas-côté, après les avoir étudiées, nombre de figures de l'amour (amour platonicien, divin, courtois, extatique, romantique, sexuel, etc.) que la modernité mêle sans grand discernement.