Dans "Une première histoire du trumpisme", Maya Kandel éclaire l'ascension et la structuration du mouvement trumpiste. L'auteure révèle un Donald Trump initialement hésitant en politique, mais dont les intuitions précoces contre le libre-échange et les alliés des États-Unis sont annonciatrices. Son retour chez les républicains en 2009 marque un tournant, notamment sa rencontre avec la droite évangélique américaine, base cruciale de son électorat, qui perçoit la religion comme une identité.

L'adoption de Twitter en 2011 transforme sa communication, lui permettant de s'exprimer sans filtre et de propager des théories complotistes, comme celle sur la naissance d'Obama. Sa victoire en 2016 est une véritable OPA sur le Parti républicain, défiant l'establishment. Ses critiques des guerres passées résonnent auprès d'une base désabusée.

Steve Bannon, idéologue et stratège, apporte une "infrastructure intellectuelle" au national-populisme de Donald Trump, l'influençant notamment sur la question de l'immigration, symbolisée par l'idée du mur. Le livre explore la "réalité alternative" trumpiste, où la perception prime sur les faits, le mensonge étant une arme politique. L'assaut du Capitole, loin de le discréditer, est réécrit à son avantage, servant de tremplin pour son retour.

Le trumpisme est décrit comme une "machine de guerre" structurée par des think tanks comme l'Institut Claremont. Des figures comme Peter Thiel soutiennent financièrement et intellectuellement ce mouvement "national conservateur", qui redéfinit le conservatisme américain autour du protectionnisme et du non-interventionnisme.

L'émergence de figures comme J.D. Vance montre un trumpisme de plus en plus durable et structuré, potentiellement capable de survivre à Donald Trump lui-même. Cependant, les promesses faites à l'électorat populaire semblent paradoxalement profiter davantage aux plus riches. Face à ce phénomène, les démocrates apparaissent désorientés, divisés entre leurs ailes centriste et progressiste, peinant à formuler une réponse unifiée. Leur désarroi est accentué par le leadership de Joe Biden et l'absence de primaires en 2024.