MUSBA - Exposition "Sage comme une image"

Cet entretien explore les dessous d'une exposition inédite : « Sage comme une image ? : l’enfance dans l’œil des artistes, 1790-1850 ». Les intervenantes détaillent la genèse du projet, né d'une interrogation autour d'un tableau du musée de Troyes, qui a donné lieu à un partenariat scientifique entre les musées du Louvre, de Troyes et de Bordeaux. Le sujet, l'enfance de 1790 à 1850, est présenté comme un "angle mort" de la recherche, une période charnière peu étudiée en histoire de l'art, riche en bouleversements politiques et esthétiques.

L'exposition propose un parcours thématique plutôt que chronologique, interrogeant la représentation de l'enfant dans ses multiples facettes. Les commissaires expliquent leur choix de ne pas s'attarder sur une approche purement historique, mais de partir des œuvres pour explorer ce que les artistes ont choisi de représenter et, surtout, ce qu'ils ont laissé de côté. C'est dans cet écart entre l'art et la réalité que se nichent les révélations les plus intéressantes. Le public découvre ainsi un art qui ne se contente pas d'idéaliser l'enfance, mais qui se confronte aux réalités de l'époque : l'enfant politisé, le destin tragique des princes maudits, l'enfant prodige, la dureté des conditions de vie des petits travailleurs ou des orphelins.

L'entretien met en lumière des œuvres fortes, souvent inédites au public, et les histoires qu'elles racontent. On y voit l'utilisation de l'enfant à des fins de propagande politique, comme dans le cas de la figure de Bara, ou le lourd poids de l'héritage impérial sur le destin du Roi de Rome, fils de Napoléon. La conversation aborde également la représentation de la psychologie de l'enfant, un mystère que la peinture semble mieux saisir que la nouvelle technique de la photographie, encore figée par ses contraintes techniques. Les intervenantes soulignent également une approche éco-responsable de l'exposition, qui valorise les collections publiques du Grand Ouest et réutilise des matériaux muséographiques, une initiative pionnière à Bordeaux.

Un point saillant de la discussion est l'accent mis sur les partenariats entre musées, notamment la collaboration continue entre Bordeaux et le Louvre, mais aussi l'ouverture à des institutions moins connues et des musées en région. Cela a permis des prêts exceptionnels, comme le tableau de Paul de la Roche du musée d'Arts de Nantes, ou encore la restauration d'œuvres conservées en réserve, à l'image du "Jeune aveugle breton" de Suc, une démarche qui enrichit le patrimoine national. L'entretien se conclut sur l'importance du catalogue comme trace de l'exposition et comme contribution à la recherche en histoire de l'art.