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Nelly Labère

Publié le 01/01/2014
Nouvelles du Moyen Âge, aux éditions GallimardAu 91, rue Porte-Dijeaux
Au Moyen Âge, les récits brefs ne vont plus s'écrire seulement en latin mais aussi en langue vulgaire, passant du sermon oral à l'histoire que l'on se raconte, de l'exemple édifiant au récit surprenant. La nouvelle, à la suite des autres formes brèves médiévales (lais, novas, fabliaux, etc.), s'en empare et la brièveté se fait alors un choix conscient de la part des auteurs. L'événement arrivé depuis peu et que l'on prend plaisir à raconter de bouche à oreille en bonne compagnie devient la forme littéraire de la nouvelle. La nouvelle est le récit de l'événement de proximité (dans le temps comme dans l'espace) écrit en prose. Elle raconte des histoires vraies, connues des auditeurs et destinées à être colportées à d'autres. Mais on trouve aussi des fictions littéraires ayant fait leur temps. Le tragi-comique, le satirique, le pathétique, le courtois, l'exemplaire, le didactique, etc., se mêlent pour faire du recueil un ensemble complexe.

Si les grands de ce monde y sont représentés (laïcs avec les nobles, les chevaliers, les seigneurs, les princes et les sultans ; cléricaux avec les hautes dignités de l'Église, les évêques et le pape), les catégories modestes le sont encore (bouviers, petits hobereaux de campagne). États et métiers se succèdent dans une « revue du monde » qui fait se mêler ivrognes, meuniers, cuisiniers, curés pauvres, paysans, servantes, demoiselles et dames. Les lieux géographiques se multiplient. Renverser ce qui semble aller de soi, démasquer les mensonges du langage, observer les personnages pris dans leurs propres contradictions, sourire des bons mots prononcés : voilà le travail des conteurs qui invitent le lecteur à partager ce plaisir des mots dans un passe-temps ludique et communautaire.

Si nous avons tenté de réduire les difficultés de lecture par une traduction, nous avons cependant tenté de préserver le style de nos textes. Outre les problèmes posés à tous traducteurs, s'est adjoint celui qui concerne spécifiquement le traducteur de « langue morte » : comment la rendre vivante ? Ou plus exactement : comment laisser vivante une langue qui n'est pas complètement morte ? Car le moyen français, loin d'être hermétique à la lecture, requiert cependant la maîtrise d'une langue qui n'est ni tout à fait la même ni tout à fait une autre : une langue qui est celle de la naissance d'une littérature.


Pour cette rencontre, Nelly Labère fera aussi une lecture de ces nouvelles
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Bibliographie