Amélie Puche analyse l'accès des femmes à l'université française (1870-1940). L'obstacle majeur n'était pas légal, mais structurel : l'absence d'enseignement secondaire féminin empêchant l'accès au baccalauréat, ce qui renforçait le stéréotype d'infériorité intellectuelle. Les femmes ont usé de stratégies pour s'intégrer :
- Médecine : Première faculté féminisée, en jouant sur le stéréotype de la "nature soignante" féminine et la nécessité de soigner les femmes pudiques.
- Lettres : Forte féminisation pour former les professeures des nouveaux lycées de filles (loi Camille Sée, 1880).
- Sciences et Droit : Elles sont restées sous-féminisées, basées sur l'idée d'incapacité à l'abstraction (Sciences) ou d'inutilité faute de droits politiques (Droit).
L'université a été un lieu d'émancipation intellectuelle, prouvant que l'infériorité était sociale et non naturelle, et offrant une indépendance économique à certaines.
L'autrice constate la persistance de l'inégalité : la répartition genrée des filières reste forte (Lettres sur-féminisées, Sciences sous-féminisées).
Surtout, l'inégalité s'accentue dans la hiérarchie académique : les femmes représentent 57 % des étudiants, mais seulement 25 % des professeurs d'université.