L'ouvrage d'Arnaud Alessandrin et ses co-auteurs croise les regards sociologiques et médicaux sur l'obésité et la grossophobie. Il distingue le label médical "obésité" des perspectives sociales de "grosseur", soulignant le besoin de ces disciplines de collaborer autour du concept de grossophobie. Ce concept, bien que récemment intégré aux dictionnaires, est établi scientifiquement et dans le milieu associatif.

Les auteurs montrent comment les discriminations vécues par les personnes grosses impactent leur suivi médical et leur vie. Une recherche menée pendant le COVID-19 a révélé que les personnes obèses, déjà plus vulnérables, ont subi une double peine avec la fermeture des services de suivi, entraînant errance diagnostique et anxiété. Moins elles subissaient de discriminations, plus elles restaient engagées dans leurs parcours de santé.

Le livre analyse les politiques publiques de santé, notant l'évolution du regard médical vers un accompagnement plus patient. Il pointe un paradoxe : l'obésité est à la fois sous-médicalisée, à cause des discriminations, et surmédicalisée (toutes les affections étant parfois attribuées à l'obésité).

Enfin, l'ouvrage explore la grossophobie sociétale, visible dans l'éducation ou les médias, et interroge la part de la médecine dans ce phénomène. Des chiffres alarmants montrent que de nombreuses personnes obèses jugent leur prise en charge médicale stigmatisante, souvent par manque d'outils adaptés ou de neutralité perçue. L'objectif du livre est de combler l'écart entre les discussions théoriques sur la grossophobie et les pratiques médicales.