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Dominique Rabaté - Limites de l'empathie

L'empathie, une vertu ou une illusion ? Ce livre bouscule nos certitudes sur la capacité à se mettre à la place de l'autre.
Publié le 16/07/2025
Dominique Rabaté vous présente son ouvrage "Limites de l'empathie" aux éditions Corti.
Dominique Rabaté nous invite à une exploration nuancée de l'empathie, cette notion omniprésente dans notre société contemporaine. Il interroge sa place dans la lecture de fiction, où la capacité de projection imaginative est primordiale, tout en alertant sur les écueils d'une "tyrannie de l'empathie" où l'identification prime sur la réflexion critique.

L'auteur propose de distinguer finement l'identification de l'empathie, soulignant la complexité et l'ambivalence du processus identificatoire. Il introduit la notion de "désidentification", un mouvement essentiel qui permet, en sortant de soi, de rencontrer non seulement l'autre mais aussi l'impersonnel, l'universel. Cette désidentification, loin d'être un retrait, est perçue comme un acte libérateur, une résistance face à l'assignation identitaire.

Dominique Rabaté appuie sa démonstration sur des études de cas éclairantes. Il analyse "Que font les reines après Noël" d'Olivia Rosental, un texte qui explore l'identification aux animaux et la quête de singularité sexuelle. Puis, il se tourne vers l'œuvre de Patrick Modiano, où le flou identitaire et le vacillement des personnages offrent une réflexion profonde sur l'incertitude de l'identification. Enfin, il évoque Pascal Quignard, dont la position radicale invite à refuser l'identification pour embrasser une désidentification libératrice.

L'entretien aborde également la question éthique de l'empathie, en particulier face à la compréhension du "pire". Dominique Rabaté questionne comment la littérature, à travers des œuvres confrontantes comme celles sur les tueurs en série ou des figures historiques sombres, nous pousse à interroger nos propres limites d'empathie. Il examine comment des auteurs comme Emmanuel Carrère dans "L'Adversaire" parviennent à maintenir une juste distance, refusant l'identification totale tout en explorant la proximité de l'autre, aussi monstrueux soit-il. C'est dans cette négociation entre le proche et le lointain, entre l'identification et la désidentification, que se révèle la richesse de l'expérience littéraire, offrant une "plasticité identificatoire et morale" essentielle.

Bibliographie