Dans un échange avec Sylvie Hazebroucq, Gilles Marchand nous plonge au cœur de son roman "Les promesses orphelines", un livre qui navigue entre romantisme d'enfance et une époque charnière de l'histoire française : les Trente Glorieuses. L'auteur, qui se confie sur son propre passé d'enfant romantique, explore la construction d'un amour au long cours à travers les yeux de son personnage principal, Gino.
Le roman repose sur deux piliers narratifs : une histoire d'amour pur et idéalisé, et le projet de l'aérotrain, ce monorail révolutionnaire des années 60-70. L'auteur a découvert ce projet fou en voyant une voie de béton abandonnée et y a décelé tous les ingrédients d'une histoire passionnante : un rêve d'ingénieur, l'optimisme du progrès et une fin dramatique. Il choisit de ne pas en faire un polar historique, mais une histoire d'amour pour mieux en saisir la complexité. En se plongeant dans cette période, il nous fait découvrir une époque de grands changements, où le modernisme côtoie encore la vie rurale. Pour cela, il utilise des publicités d'époque qu'il intègre au récit, une méthode qui lui permet de dépeindre le décor et les mœurs de la société, tout en s'éloignant des descriptions classiques.
Le roman s'attache à rendre hommage aux "numéros deux" et à tous ceux qui travaillent dans l'ombre pour la réalisation des rêves d'autrui. Le personnage de Gino, qui s'ennuie dans son enfance et se passionne pour la conquête spatiale, incarne cette figure de l'anonyme qui se nourrit des grands projets de son temps. C'est un livre sur l'espoir et l'optimisme, où l'auteur s'interroge sur ce qui pousse les gens à se lancer dans de grands projets, même s'ils échouent. L'entretien révèle également les influences personnelles de Gilles Marchand, qui a grandi entouré de livres et de musique, et fasciné par les figures marginales, celles qui peuplent son roman. Le bistrot, lieu de rencontre et de partage, y occupe une place centrale, tout comme les personnages secondaires qui, en marge de l'histoire principale, forment un lien social indispensable et donnent une épaisseur supplémentaire au récit.
Gilles Marchand, qui a grandi dans un milieu favorisé, se dit conscient du privilège de pouvoir choisir le bonheur, une thématique qu'il explore à travers son personnage, Gino. Le livre, qui est le fruit d'un travail de documentation minutieux, témoigne de son amour pour l'histoire et pour ces instants de la vie où tout peut changer. Son rapport à l'écriture, qu'il compare à un travail de musicien, est très attaché au rythme des mots et des phrases, une musicalité qu'il privilégie même au détriment des règles de grammaire.
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