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Hervé Niquet : le concert spirituel

De l'opéra à l'opérette, en passant par Bach et Stravinsky, Hervé Niquet partage sa quête passionnée des sources pour redonner vie au répertoire français.
Publié le 05/11/2025
A l'occasion du concert spirituel "King Arthur" donné le 4 novembre 2025 à l'auditorium, rencontre avec Hervé Niquet. Entretien avec Emmanuel Hondré, directeur général de l'Opéra national de Bordeaux.
Hervé Niquet s'ouvre sur sa carrière atypique et son engagement pour la musique française, baroque et romantique. Sa passion pour la musique est née d'un choc : la découverte de l'œuvre et des sources originales des compositeurs, qui a remplacé les "habitudes" d'interprétation. Ce culte de la source l'a mené à une recherche musicologique constante, notamment en découvrant des liens musicaux entre les cours de France et d'Angleterre (King Arthur de Purcell, orchestré "à la française" selon des archives de Louis XIV).

Son parcours, refusé par les conservatoires mais formé par le terrain (pianiste à l'Opéra de Paris, standards de jazz, cabaret), lui a conféré une liberté et une rigueur uniques. Il insiste sur la rigueur mathématique et la préparation colossale nécessaires, même pour l'humour et la fantaisie (citant Francis Poulenc : "Rigueur sur le fond, fantaisie sur la forme"). Cette exigence l'expose à être jugé "pas sérieux" par certains producteurs, mais est un gage de respect et d'efficacité pour les musiciens. Hervé Niquet déplore le "dédaing" français pour son propre répertoire romantique, notamment l'opérette, qu'il considère comme un "genre majeur" souvent oublié.

Il met en lumière le rôle crucial du Palazzetto Bru Zane à Venise, créé par fonds privés, pour soutenir et dynamiser l'étude et la redécouverte de la musique romantique française, un trésor menacé par l'instabilité des financements publics. Concernant le répertoire, il réfute l'idée que le baroque ait "tout dit" : il estime qu'une infime partie des œuvres (espagnoles, italiennes, françaises) a été lue. Sa méthode consiste à nourrir les musiciens d'informations historiques et contextuelles, transformant ainsi immédiatement l'orchestre pour retrouver une "pâte sonore" française caractérisée par un "son large avec des vraies basses".

Il raconte l'expérience bouleversante de la Messe à 40 voix de Striggio, où l'exigence mathématique a conduit à une "sensation physiologique" de création d'univers, et l'enregistrement de Israel in Egypt d'Haendel comme un "cri de libération" après le Covid.
Bibliographie