José Rodrigues dos Santos lève le voile sur les mécanismes d'une guerre invisible menée par la Russie contre l'Occident. L'auteur explique que son roman, "Protocole Chaos", plonge au cœur de cette stratégie élaborée, en s'appuyant sur les idées d'Alexandre Douguine, théoricien dont les écrits sont une référence à l'Académie de l'état-major de l'armée russe. Douguine, figure emblématique du parti national-bolchevique, dont le drapeau mêle symboles communistes et nazis, promeut l'expansion d'un empire continental russe en guerre contre l'Occident, perçu comme un empire commercial à abattre.
L'auteur détaille comment cette idéologie se traduit par une stratégie d'affaiblissement de l'Occident, notamment en encourageant les mouvements isolationnistes aux États-Unis pour rompre le lien transatlantique et démanteler l'OTAN. Une fois l'Europe isolée, elle deviendrait une proie facile pour la Russie, dans l'objectif de créer un vaste empire allant de Vladivostok à Lisbonne ou Brest. José Rodrigues Dos Santos souligne la pertinence glaçante de cette théorie en citant un récent commandant des forces terrestres russes affirmant que la guerre en Ukraine n'est qu'une première étape vers un conflit plus large contre l'Europe.
"Protocole Chaos" met en scène cette trame complexe où la Russie instrumentalise des figures comme Donald Trump et les réseaux sociaux pour manipuler l'opinion publique et fragiliser les démocraties libérales. L'auteur introduit les personnages clés de son roman : Dimitri, un policier russe qui découvre l'implication du FSB dans des attentats des années 90, conçus pour asseoir l'autorité de Poutine ; Leroy, un Américain pauvre et blanc de Louisiane, dont les ressentiments sont exploités par les réseaux sociaux pour en faire un fervent soutien de Donald Trump ; et enfin Thomas, le héros du roman, manipulé par les Russes pour retrouver le fameux "Protocole Chaos", document central de cette opération secrète.
Le roman explore l'idée que Trump serait un agent involontaire manipulé par la Russie, une hypothèse partagée par d'anciens directeurs de la CIA qui pensent que la Russie détient des informations compromettantes ("kompromat") sur l'ancien président. L'entretien aborde également la nature duale des avancées technologiques, comme l'intelligence artificielle, qui, si elles peuvent guérir des maladies, sont aussi "militarisables" et utilisées dans cette guerre hybride pour manipuler les masses. José Rodrigues Dos Santos conclut en invitant à repenser les clivages politiques traditionnels de "droite" et "gauche" au profit d'une opposition entre sociétés ouvertes et leurs ennemis – une alliance grandissante de régimes nationalistes, théocratiques et socialistes (Russie, Iran, Chine, Corée du Nord) unies contre les valeurs de liberté et de prospérité de l'Occident.