Michael Lucken - Les occupants : les Américains au Japon après la Seconde Guerre mondiale

Michael Lucken propose une analyse de l'occupation du Japon (1945-1952) sous l'angle du pragmatisme américain. Cette approche, comprise comme une philosophie expérimentale rejetant les idéologies (ultranationalisme, marxisme) au profit de l'efficacité, est la clé pour comprendre la cohérence de la politique américaine.
'historien déconstruit le mythe d'un contrôle total de MacArthur, insistant sur le fait que le général appliquait les directives de Washington visant à éviter la domination directe et à construire un partenariat durable.

Le succès de la démocratisation repose sur un facteur contingent : l'absence de résistance japonaise, due à l'épuisement et à la volonté d'éviter les représailles, incitée par la circulation des récits d'atrocités commises en Asie. Le maintien de l'Empereur s'inscrit dans cette logique pragmatique de pilotage fin.
Cette souplesse a permis de donner aux Japonais (dont une partie aspirait déjà à plus de liberté) le sentiment que les réformes étaient les leurs.

L'occupation marque une rupture avec le modèle colonial européen, se focalisant sur le travail individuel et les droits naturels plutôt que sur les références à la "civilisation" (comme aux Philippines). Le sentiment d'occupation ne disparaît pas en 1952 : la persistance du Sengo (après-guerre) est liée aux accords de sécurité qui maintiennent une présence militaire américaine considérable, limitant la souveraineté japonaise, notamment à Okinawa.