Pierre Girard - Au rythme de la Terre : nouvelles voies pour cultiver le vivant

Le journaliste scientifique Pierre Girard propose ici une immersion de douze mois dans l'histoire banale mais cruciale d'une année agricole, du semis à l'assiette. L'ouvrage s'appuie sur la réalité de plusieurs centaines de fermes visitées par l'auteur sur six ans, allant du très petit maraîchage en permaculture aux grandes exploitations céréalières en agriculture biologique de conservation des sols.

Le livre prend le contre-pied des crises sociales et politiques actuelles qui tendent à mettre en doute l'agroécologie – la science du vivant appliquée à l'agriculture. Pierre Girard démontre par les faits, observés sur le terrain, qu'il est non seulement possible, mais que de nombreux agriculteurs le font déjà : produire sans épuiser les ressources et en régénérant le vivant. Cette agriculture vertueuse contribue à l'atténuation du changement climatique et lutte contre la crise de la biodiversité.

L'auteur souligne que l'agriculture représente un quart des émissions de gaz à effet de serre, faisant de notre alimentation un élément décisif de l'équation climatique. La solution réside à la fois dans le pouvoir de levier des agriculteurs et dans les choix des consommateurs, qui peuvent agir trois fois par jour.

Pierre Girard exprime aussi son sentiment d'être en posture de résistance en tant que journaliste scientifique, face au "backlash" écologique et aux critiques permanentes de la science. Cette résistance est d'autant plus nécessaire que le contexte politique français (notamment en 2025) marque des reculs colossaux sur les politiques environnementales, justifiés par ces mêmes critiques. L'auteur se sent ainsi poussé à devenir un quasi-activiste pour les faits scientifiques.

Pour contrer le sentiment d'impuissance et l'éco-anxiété, le livre cherche à abolir la distance entre urbains et ruraux. L'auteur rappelle que nous vivons tous à moins de 10 km d'une ferme. Il met en lumière des leviers d'action concrets pour soutenir la transition, notamment via la restauration collective. Il révèle qu'une cantine scolaire de taille moyenne consomme environ la production d'une ferme de taille moyenne, faisant des cantines un lieu d'action majeur. Des exemples comme la création de fermes municipales (comme à Mouans-Sartoux) illustrent cette révolution culturelle nécessaire dans les champs comme dans la manière d'administrer les villes, pour enfin soutenir l'agriculture vertueuse.