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Richard Werly - Cette Amérique qui nous déteste

L'Amérique a-t-elle cessé de considérer l'Europe comme une alliée ? Un voyage révélateur à travers les États-Unis de Donald Trump.
Publié le 10/11/2025
Richard Werly vous présente son ouvrage "Cette Amérique qui nous déteste" aux éditions Nevicata. Entretien avec Jean Petaux.
Dans cet entretien, Richard Werly, éditorialiste international et correspondant de longue date aux États-Unis, partage les conclusions de son enquête menée sur 7 000 km à travers l'Amérique profonde, de Chicago à Mar-a-Lago. Son livre, "Cette Amérique qui nous déteste", est né d'un "coup de sang" face à ce qu'il a perçu comme une Amérique "effrayante" qui n'a plus d'estime pour l'Europe.

L'auteur remet en perspective l'idée que Donald Trump serait une simple "anomalie" dans l'histoire américaine. Il est plutôt l'expression caricaturale d'une "lame de fond" qui repose sur deux piliers : une volonté inassouvie de puissance et un désengagement de la relation transatlantique. Pour l'Amérique d'aujourd'hui, dont les racines européennes se sont estompées, l'Europe n'est plus un partenaire existentiel.

Richard Werly s'appuie sur la fameuse formule attribuée à Henry Kissinger : "Il peut être dangereux d'être l'ennemi des États-Unis, mais être leur ami est fatal." Cette citation illustre la vassalisation et les "ordres" que l'Europe reçoit de Washington (augmentation des dépenses de défense, non-taxation des GAFAM, adoption d'une culture anti-woke), soulignant que l'allié obéissant peut être lâché si l'intérêt américain se déplace, comme ce fut le cas au Vietnam ou en Afghanistan.

Le mépris de l'Amérique de Trump se fonde sur une perception de l'Europe comme un continent "faible" et "décadent", qui prétend donner des leçons tout en refusant l'exploitation de ses ressources naturelles. L'auteur décrypte les ressorts de cette nouvelle Amérique structurée autour d'une "oligarchie" et d'une colère populaire :

La colère des perdants : Frustration face aux guerres perdues (Irak, Afghanistan).

L'obsession du profit : Volonté féroce de faire de l'argent (selon l'adage "Greed is good"), avec la conviction que "tout s'achète".

La volonté de destruction de l'État : L'État est vu comme un obstacle à la domination de l'oligarchie et aux intérêts économiques (à l'image des discours libertariens d'Elon Musk).

L'auteur analyse également le rapprochement entre le trumpisme et le courant de fond du Parti Républicain, notamment à travers le "Projet 2025" de la Heritage Foundation, qui vise à transformer la société américaine en s'appuyant sur les valeurs de "famille, travail, église".

Richard Werly exhorte les Européens à "ouvrir les yeux" et à accepter que l'Amérique actuelle ne les considère "que comme des sujets". Face à ce mélange d'"arrogance" et de "ressentiment", nourri par la propagande, il invite l'Europe à se ressaisir, elle qui est vue comme un continent "ayant perdu espoir" par ceux qui s'accrochent aux promesses d'un "nouveau rêve américain". La conclusion, intitulée "Fuck Europe" en référence à une déclaration de Victoria Nuland, résume la situation : les Américains se désintéressent de l'Europe, sauf si elle "obéit" et "paye".
Bibliographie