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Stéphanie Hennette-Vauchez et Antoine Vauchez - Des juges bien trop sages

Face à l'érosion des libertés, qui protège nos droits ? Une enquête inédite qui questionne le rôle des plus hautes juridictions françaises et leur étrange proximité avec le pouvoir.
Publié le 07/10/2025
Stéphanie Hennette-Vauchez et Antoine Vauchez vous présentent leur ouvrage "Des juges bien trop sages : qui protège encore nos libertés ?" aux éditions Seuil. Rentrée littéraire automne 2025.
Stéphanie Hennette-Vauchez et Antoine Vauchez abordent un sujet crucial et peu connu du grand public : le rôle du Conseil constitutionnel et du Conseil d'État. Les auteurs décrivent ces deux institutions comme des juridictions singulières, dont les membres évoluent en permanence entre les fonctions de juges, de ministres et de hauts fonctionnaires. Cette proximité avec l'appareil d'État les pousse à intégrer les critères et les urgences de l'action publique au moment de rendre leurs décisions. À travers une histoire de ces deux institutions sous la Ve République, les auteurs montrent comment elles ont accompagné les grands projets de l'État. De l'entrée dans le marché unique européen à la transformation sécuritaire, les droits et les libertés se sont trouvés minorés, placés dans la balance face à l'intérêt général.

Le livre pose une question centrale : en cas de montée de régimes autoritaires, la justice française serait-elle capable de jouer son rôle de contre-pouvoir et de faire barrage aux politiques liberticides ? En s'appuyant sur des exemples internationaux (Europe de l'Est, États-Unis), les auteurs soulignent la difficulté pour les juges de résister à la pression politique. En France, l'analyse est tout aussi critique. Sur des sujets majeurs comme l'état d'urgence sécuritaire ou sanitaire, la réforme des retraites ou la loi sur le séparatisme, le Conseil d'État et le Conseil constitutionnel ont montré une propension à accompagner le gouvernement plutôt qu'à s'y opposer. Le cœur de l'ouvrage ne se limite pas à proposer des solutions institutionnelles, telles que la séparation des fonctions de juge et de conseiller, ou des critères plus stricts pour la nomination des juges.

l invite surtout à une prise de conscience collective sur une "perte de culture des libertés" au sein de ces institutions. Pour les auteurs, l'urgence est de redonner de l'importance aux savoirs et aux expériences de la société civile et des relais institutionnels dédiés à la défense des droits, comme le Défenseur des droits ou la Commission nationale consultative des droits de l'homme. L'objectif est de s'assurer que ces juges, qui nous gouvernent en partie, soient à l'avenir moins "sages" et plus protecteurs de nos libertés.
Bibliographie