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Belles lettres, suite

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Publié le 05/07/2002
Le plan de sauvetage des Belles Lettres et de ses éditeurs diffusés s'organise après l'incendie qui à détruit la quasi totalité des stocks de la prestigieuse maison.

Dans un récent article, le journal Libération revient sur l'incendie qui a touché le dépôt des Belles Lettres dans la nuit du 29 mai dernier. Le 3 juin, nous vous disions la détresse des responsables de la célèbre maison d'édition spécialisée dans la littérature classique mais également celle des nombreux petits éditeurs qui lui avaient confié la distribution de leur production. Certains d'entre eux, notamment les éditions de L'Escampette avaient la totalité de leur production stockée dans les entrepôts de Gagny et se trouvent aujourd'hui sans le moindre stock à mettre en vente.

Un début de solution est envisagé pour pallier l'absence technique d'entrepôt : les Belles Lettres sont en train d'aménager une nouvelle plate-forme à Gaillon, une localité voisine de Gagny. Celle-ci devrait être opérationnelle dans quelques jours et permettre aux éditeurs les plus chanceux (ce qui n'avaient pas mis tous leurs œufs dans le même panier) de retrouver le chemin des librairies.

Pour les autres, un effort de solidarité a permis d'envisager diverses actions susceptibles de les aider à traverser cette période difficile. Jean-Jacques Aillagon, ministre de la culture, s'est engagé à débloquer des aides sur les fonds du ministère et des Drac, en cela suivi par diverses instances régionales (la plupart des petits éditeurs sont basés en province), qui, par l'intermédiaire de leurs antennes culturelles dédiées au livre se proposent de participer au renflouage.

Car les besoins en trésorerie sont importants. C'est, en effet, grâce au produit de la vente de leurs fonds, que ces éditeurs parviennent à vivre et à financer leurs publications. L'incendie ayant mis ces fonds à mal, l'argent ne rentre plus et c'est la pérennité même de ces éditeurs de qualité qui est remise en question. Leur disparition serait une perte inestimable pour le paysage éditorial français.
La diversité des domaines couverts par ces maisons est une de forces de l'édition française qui, de regroupement en concentration, voit ses grands groupes de plus en plus tournés vers une logique purement économique. C'est donc à eux, les petits, qu'échoie le patient travail de débroussaillage, de découverte et de recherche qui met à jour les grands auteurs de demain.

Il y a donc deux priorités. Tout d'abord reconstituer les catalogues en rééditant les ouvrages de fonds et ensuite trouver les financements nécessaires à la présence de ces maisons sur les tables de librairie au moment de la rentrée littéraire de septembre, mois clé de la vie éditoriale.

Les réponses trouvées par les éditeurs sont diverses ; cela va de l'appel à souscription auprès du public à titre individuel ou collectif, comme le propose Hélikon, structure regroupant des maisons telles que Le Temps qu'il fait, L'Obsidienne ou la Bibliothèque à la sélection de titres dont la fabrication recevrait une subvention non remboursable du Centre National de Livre. Cela passe aussi par un soutien effectif des libraires à ces éditeurs, au travers de mises en avant de leurs titres ; des lecteurs qui, par leurs dons ou leurs achats permettraient de faire rentrer un peu d'argent frais dans les caisses. Enfin, l'appel au mécénat privé est aussi envisagé. Banques, entreprises et généreux donateurs pourraient ainsi participer à la sauvegarde d'un pan important de notre paysage culturel. Malgré leur peu de visibilité médiatique, la disparition de ces découvreurs érudits rendrait nos librairies bien mornes et uniformes.

Souhaitons, comme le dit l'un d'eux, qu'ils ne se retrouvent pas à vendre le calendrier des pompiers...