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Des nouvelles de l 'étranger

159_des-nouvelles-de-l-etranger
Publié le 27/08/2004
Après la littérature française, voici un bref aperçu de ce qui nous attends cet automne du côté des tables littératures étrangères.

Alors que l'automne français semble être la saison des paris fous avec 121 premiers romans publiés, les parutions traduites jouent davantage sur le registre de noms connus sinon célèbres. A l'exception bien sûr de Philip Roth dont Gallimard publie simultanément trois titres : une retraduction de La Contre-vie ; La bête qui meurt, un roman inédit ainsi que Parlons travail, un recueil de textes critiques sur la littérature.

La publication traductions est une activité éditoriale sensiblement différente de l'édition de livres écrits en langue française. En effet, si les paris sont moins risqués en termes de succès littéraire – un éditeur achètera plus facilement les droits d'un ouvrage si celui-ci a déjà connu de belles ventes en version originale – les enjeux financiers peuvent eux, s'avérer plus périlleux. Car le succès se paie. Un premier roman français ne coûtera guère plus à son éditeur que l'encre et le papier, et une avance sur droits d'auteurs symbolique. Il en va tout autrement de la littérature étrangère, surtout si elle est anglo-saxonne, hispanique ou italienne, puisque le montant des droits étrangers est directement proportionnel au succès (ou à l'insuccès) rencontré par le livre lors de son édition originale. A ces droits étrangers, s'ajouteront les frais de traduction qui alourdiront encore la facture et l'on comprendra aisément que le seuil de rentabilité d'un titre traduit soit élevé. De là une prudence accrue des éditeurs. Nous rendrons donc hommage ici à ceux qui, comme Christian Bourgois, Olivier Cohen, Philippe Picquier, ou les traducteurs Brice Mathieussent et Christophe Claro, prennent des risques et s'échinent depuis tant d'années à débroussailler les littératures étrangères pour nous en offrir le meilleur. C'est ainsi qu'Antonio Lobo Antunes, Jim Harrison, Raymond Carver, Fernando Pessoa et d'innombrables autres ont su trouver leurs lecteurs français.

C'est d'ailleurs sur ces lecteurs fidèles que semblent compter les éditeurs d'ouvrages traduits cette année puisque rares seront les découvertes. Rares également, hormis Philip Roth cité plus haut, les stars littéraires. L'effort portera donc sur les valeurs montantes dont les fonds éditoriaux s'étoffent : Rick Moody qui publie cette année un remarquable A la recherche du voile noir, inspiré d'une nouvelle de Nathaniel Hawthorne, Sarah Hall et son Michel-Ange électrique à la réputation déjà flatteuse ne sont pas encore des têtes d'affiche mais le seront un jour. Etoile éteinte – hélas ! – mais valeur montante avec Roberto Bolano, décédé l'an passé, dont Christian Bourgois publie cette année deux ouvrages. Jonathan Franzen dont Les corrections ont connu un beau succès il y a de cela deux ans, voit La vingt-septième ville, son premier roman, traduit à L'Olivier. On note également le retour romanesque de Jim Harrison avec un gros roman qui se situerait dans la veine de Dalva. La plupart de ces noms sont anglo-saxons et cela n'est pas le fruit du hasard car le contingent anglophone représente près de la moitié des publications de cet automne étranger. Passons donc aux européens : Antonio Tabucchi, Arturo Perez-Reverte, Enrique Villa-Matas, le Norvégien Herbjorg Wassmo seront de partie en compagnie des ressortissants d'Europe centrale et de l'Est auxquels septembre fait la part belle. On y verra certainement un avant goût de ce que peut produire la Russie, invitée d'honneur du prochain Salon du Livre de Paris.

Ils seront donc 237, comme l'an passé, à présenter cette année leur prose aux lecteurs. Certains succès sont déjà programmés, comme ceux de Roth ou Harrison. D'autres heureusement, plus discrets, seront découverts par un libraire perspicace ou une lectrice aventureuse qui aura osé, pour une phrase glanée au hasard ou un mot plus haut qu'un autre, inviter chez elle ce parfait inconnu et sa prose venue de loin. Car, à mille lieues des plans comptables, des achats de droits et de la gestion de patrimoine littéraire, c'est encore ainsi que vit la encore littérature. Et ce n'est pas nous qui nous en plaindrons.