Chargement...
Chargement...

Donald Westlake, le vrai.

95_donald-westlake-le-vrai
Publié le 07/04/2006
L'écrivain américain était présent à la librairie Mollat pour une rencontre exceptionnelle avec ses lecteurs. Souvenirs...

Lettrinel y a des visites longtemps attendues qui déçoivent. Parfois parce que l'invité n'est pas à la hauteur de nos espérances, parfois parce que nous ne sommes pas à même d'établir le dialogue et que rien ne se dit, finalement, d'important et d'essentiel. Il en est d'autres qui enchantent. Où tout se passe si bien, si idéalement, que l'on finit par se demander si l'on n'a pas un peu rêvé ces instants... Rassurez-vous, la visite du génial Donald Westlake en nos murs appartient à cette seconde catégorie.

Le 5 mars, donc, nous recevions une pléiade d'auteurs de romans noirs. Le jubilatoire Donald Westlake, le très noir Richard Starck, Tucker Coe, père de l'ex-flic Mitch Tobin étaient là. Présents également, Timothy H. Culver, J. Morgan Cunningham, Harry Harrison, Curt Clark, Aman Marshal, Edwin West et l'énigmatique Grace Salacious. Ces écrivains, tous américains, ont une particularité : ils se sont incarnés en une seule et même personne, connue sous l'état civil officiel de Donald Westlake. Ce sont en effet quelques uns de la trentaine de pseudonymes - sans compter les pseudos de scénaristes, lorsqu'il travaille pour le cinéma - qu'emploie l'écrivain, désormais septuagénaire selon le ton et le héros de ses romans. A l'humour souvent noir de Westlake l'écrivain, il oppose par exemple la froideur insensible de Richard Starck et de son héros Parker, un dur à cuire pur jus et sans scrupules.

L'homme présent ce jour là est un malicieux papy, souriant et concentré qui écoute patiemment les questions de son interviewer et y répond avec précision. Il nous parle de ses personnages comme s'il s'agissait de personnes réelles. Certains ont changé avec le temps, d'autres pas et n'ont aujourd'hui plus rien à dire. Il semble parler d'amis ou de voisins, proches ou lointains, oubliés parfois.

Sa méthode n'a rien de très universitaire : il laisse l'intrigue se construire – toute seule si on veut bien le croire – au fil des pages. Il finirait presque par se décrire comme un journaliste relatant les faits et méfaits d'armes de ses personnages. On sait bien que le secret n'est pas là, mais d'un maître du mystère, on ne peut attendre qu'il dévoile tous ses secrets.

Les nombreux fans présents ce jour là n'auront donc pas eu droit au show d'une star descendue des limbes leur porter la vérité du roman. Il fut simplement question de passer une heure et demie en compagnie d'un grand – très grand – écrivain qui, et c'est une chance, se trouve être un mec bien...

Merci monsieur Westlake.

 

 

Pour en savoir d'avantage, on lira avec profit le dossier que les libraires du rayon Polar - insondables puits de science - ont consacré à Donald Westlake et à ses hétéronymes.

 

 

Donald Westlake à la librairie Mollat - 5 avril 2006