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L'odeur du temps

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Publié le 21/05/2007
Lignes de sciences, une iranienne à Cannes et l'avenir de la critique littéraire sont au menu des actualités de la semaine...

De jeunes lecteurs au Parfum.
Lignes de sciences est un prix littéraire décerné par des lycéens au meilleur ouvrage de vulgarisation scientifique. Essai, album illustré ou fiction, le livre distingué par le jury de jeunes lycéens fait découvrir les plaisirs réunis de la lecture et de la culture scientifique.
En plus de la lecture des ouvrages de la sélection, les élèves ont été invités à réaliser un argumentaire pour chaque livre et à travailler à la création libre d'une affiche. Pour y parvenir et développer leur esprit critique, un forum de discussion sur Internet a permis aux élèves d'échanger entre les différentes classes et de communiquer avec les auteurs et les éditeurs tout au long de l'année.

Lancé en 2006 par le Rectorat de Bordeaux en partenariat avec la Librairie Mollat, Anima-sciences et avec le concours du Syndicat national de l'Edition dans le cadre de l'opération « Lignes de sciences », ce prix littéraire de la culture scientifique permet aux élèves de saisir les grands enjeux de la science contemporaine en associant le plaisir de la lecture.

Parmi les dix ouvrages que comportait la sélection, c'est le désormais célèbre Parfum de Patrick Süskind (photo) qui a remporté la majorité des suffrages. Viennent ensuite La Proie de Michael Crichton et Les Fourmis de Bernard Werber. Ce palmarès met en évidence le goût prononcé de ces jeunes lecteurs pour la fiction à caractère scientifique, plus apte selon eux à transmettre de manière ludique des savoirs parfois fors complexes à appréhender autrement.

Ce prix a été remis le lundi 21 mai dans les salons Albert-Mollat. Au cours de cet après-midi, des groupes de lycéens se sont succédés pour présenter leur favori. Saynètes, chansons et rap ont été les supports de ces interventions, souvent très applaudies. A noter que ce prix, jusque là purement aquitain, recevait cette années une délégation d'élèves venue du Lycée Galilée, de Franqueville-Saint Pierre, académie de Rouen.
Bernard Lothorary, traducteur du Parfum, était présent pour recevoir le prix au nom de l'auteur.

L'Après-midi s'est achevé par une intervention de George Di Scala, directeur de recherche au CNRS, qui a fait une rapide présentation des mécanismes neuro-biologiques à l'œuvre dans la perception des odeurs. Faisant, en guise de conclusion, la liste des questions scientifiques encore en suspens dans ce domaine, le scientifique a encouragé son jeune public à reprendre un jour le flambeau de la recherche. Encouragements auxquels s'associe bien sûr la Librairie Mollat.

Persépolis à Cannes
Une autobiographie sous forme de dessin animé en noir et blanc. C'est ainsi que le journal Le Monde décrit la forme de Persépolis, le premier film de Marjane Satrapi, dessinatrice rendue célèbre par les quatre volumes d'une BD autobiographique publiés par L'Association.
Co-dirigé par la bédéaste et Vincent Paronnaud, Persépolis – le film – sera présenté mercredi en compétition officielle au Festival de Cannes.

La critique littéraire en danger ?
L'Atlanta Journal Constitution, vous connaissez ? Nous non plus, du moins jusqu'à la semaine dernière, ce quotidien américain nous était inconnu, comme il l'était d'ailleurs de la plupart des lecteurs américains. Le journal géorgien, de bonne renommée selon nos recherches, s'est récemment rendu célèbre en supprimant le poste de Teresa Weaver, journaliste en charge de la critique littéraire dans ses colonnes. Mal lui en a pris puisque près de 120 auteurs américains de premier plan parmi lesquels Richard Ford ont signé une pétition invitant la direction du journal à revenir sur sa décision.
Cet événement est pour l'instant le plus voyant d'une série de changements affectant la presse littéraire américaine qui, pour des raisons d'économie, réduit à la portion congrue la part allouée à la critique littéraire dans ses pages. Le célèbre Los Angeles Times a depuis peu intégré cette rubrique dans ses pages opinions, suivi par des nombreux autres journaux qui ont considérablement réduit le nombre de pages dédiée aux arts et lettres en général.
La raison invoquée par les responsables de ces diverses rédactions tient en deux mots : économies et blogs. Economies parce que ces pages « culture » ont le grave défaut d'être peu rentables : elles génèrent peu de recette publicitaires. Et les blogs, donc ? Certains commentateurs considèrent que les blogs littéraires sont peu à peu en train de devenir le vecteur privilégié de la critique littéraire et sont à terme appelés à remplacer les pages du même nom. En effet, ils coûtent fort peu cher aux journaux qui les hébergent ; leurs auteurs sont bénévoles et leur lectorat grandissant. En outre, dans un mode médiatiquement saturé où la défiance envers tout ce qui se targue du statut de journaliste va grandissant, ce bénévolat apparaît comme une nouveauté rafraichissante, peu importe que le critique de circonstance soit un lecteur compétent ou non.

Richard Ford, qui avoue n'avoir jamais lu de blog littéraire, comprend mal cet argument, avançant pour sa part que la critique littéraire est aussi affaire de confiance et que cette confiance se nourrit de la crédibilité que peut apporter le journal qui publie l'article.
En outre, les blogs, dont les qualités sont indéniables, ne sont pas des médias de masse et c'est aussi là que le bât blesse pour une industrie du livre habituée à promouvoir sa production dans un nombre relativement restreint de supports : quelques journaux de presse écrite, quelques chroniqueurs de radio et les désormais sacro saintes télévisions. Exception faite de quelques blogs anglo-saxons de bonne renommée dont la fréquentation n'a rien à envier aux grands journaux, le lectorat de la plupart des blogs littéraires est en effet bien mince... Pour le moment.