Jusqu'à présent on s'est ici surtout intéressé au contenu des livres, de nos chers livres. Pourtant le contenant nous importe, il n'est qu'à voir la réticence avec laquelle nous prêtons nos ouvrages favoris. Promenez-vous dans une librairie et regardez un peu les visiteurs… On touche, feuillette, admire la couverture, les illustrations, on jauge la qualité du papier, celle de l'impression ou de la photogravure pour le plus connaisseurs. Sans être bibliophiles, nous sommes pour la plupart amateurs de beaux ouvrages.
Il y a de cela quelques années, La Bibliothèque Nationale avait, au cours d'une série d'expositions, abordé le livre en tant qu'objet. En témoigne aujourd'hui une belle série de catalogues thématiques.
Le Musée des Arts et Métiers s'est intéressé lui à l'histoire de la fabrication du livre dans Les trois révolutions du livre , une exposition que l'on pourra admirer à Paris jusqu'au 5 janvier, qui retrace donc les grands évènements qui ont présidé à l'apparition puis à la popularisation du livre comme vecteur de transmission et de conservation des savoirs.
Du premier livre imprimé, la fameuse Bible à 42 lignes de Gutenberg, jusqu'aux perspectives d'avenir dont certaines tiennent encore de la science fiction, l'exposition retrace donc près de cinq siècles d'histoire de l'imprimé avec pour fil conducteur les trois périodes décisives de cette histoire.
L'apparition de la typographie en Europe au début du XVIe siècle, l'industrialisation de l'imprimé au XIXe siècle et la dématérialisation de la chaîne graphique que connaît le livre depuis les années soixante avec l'apparition de la PAO (Publication Assistée par Ordinateur) sont donc les trois stèles qui bornent le cheminement du visiteur de l'exposition du CNAM.
Optimiste, l'exposition achève son parcours par un pari prospectif sur l'avenir des supports de l'écrit. De l'e-book mort-né à l'encre électronique insérée dans une feuille de matière synthétique transparente en passant par l'écran monoculaire (une sorte de monocle sur lequel est projeté le texte à lire),nombreuses en effet ont été les tentatives de remplacer le support papier, aussi nombreux les échecs.
Didactique, pédagogique et pourtant passionnante et pleine de surprises, l'expo, conçue Alain Mercier avec la collaboration de Norbert Uzan, scénographe sait parler des techniques de fabrication sans toutefois oublier les raison pour lesquelles ces techniques évoluent. Ce n'est pas exemple pas un hasard si c'est le XIXe siècle positiviste qui inventa l'impression industrielle permettant par là une diffusion de masse des imprimés, popularisant la lecture et facilitant dès lors l'accès de tous au savoir. Pour citer Alain Mercier, commisaire de l'exposition : " Comment perdre de vue que c'est toujours l'homme qui tient le gouvernail de l'Histoire ? Idéologies des textes, courants esthétiques, politiques éditoriales… Au fond, le livre traduit les besoins et les attentes d'une société en constante mutation, ses goûts. Mais aussi ceux qu'on lui veut inspirer ou imposer. Dans sa banalité comme dans sa splendeur, le livre est un pouvoir. Son sens pèse donc d'un poids plus ou moins fort sur la culture et la sensibilité de chacun, sur la conscience collective. C'est dire le stimulant qu'il doit rester pour notre esprit critique ! "
Qu'ils soient passéistes ou tournés vers l'avenir, romanesques ou
scientifiques,
les fouineurs de librairies ont encore de beaux jours devant
eux.
Infos
pratiques
Les trois révolutions du
livre
Exposition ouverte du 8 octobre 2002 au 5 janvier 2003,
du
mardi au dimanche de 10 heures à 18 heures.
Nocturne le jeudi jusqu'à 21 h
30.
Fermeture le lundi et les jours fériés (1er novembre, 11 novembre, 25 décembre, 1er janvier).
Musée des Arts et Métiers
60, rue Réaumur - 75003 Paris
http://livre.arts-et-metiers.net/index.html
L'exposition a également fait l'objet d'un beau catalogue publié par l'Imprimerie Nationale (bientôt sur mollat.com).
Illustration :
Louis-François-Emmanuel ROUSSEAU
(1788-1868) et Achille DEVÉRIA (1800-1857). Photographie zoologique.
Paris/Londres, Masson/Gambart. 1853-1854.
©Bibliothèque centrale du
Muséum national d'histoire naturelle
2002
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