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Premiers romans, la déferlante en septembre.

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Publié le 26/07/2004
Dans une rentrée littéraire stable, la part des premiers romans augmente remarquablement. Bonne santé retrouvée ou bien signe de crise ?

Consacré comme chaque année à la rentrée littéraire à venir, Livres Hebdo, le magazine professionnel des métiers de l'édition, de la librairie et des bibliothèques dépeint cette année un paysage nouveau. En effet, alors que la croissance du nombre de titres publiés chaque rentrée semble marquer le pas - 440 romans français et 237 étrangers, on assiste a une explosion du nombre de premiers romans à paraître en septembre : 121, c'est à dire 50% de plus que l'an passé. Que signifie donc cette tendance, s'interroge-t-on chez les professionnels de la profession ? Doit-on y voit le nouveau du roman – retour de l'histoire, désintérêt pour l'autofiction, naissance de « l'actufiction », arrivée d'une jeune génération d'auteurs – ou bien, comme le notent certains pessimistes, un signe de la panique qui semble s'emparer des éditeurs de littérature devant la baisse des ventes de leurs best-sellers – la quantité d'ouvrages littéraires dont les ventes dépassent 100 000 exemplaires baisse chaque année au profit d'autres secteurs éditoriaux comme l'actualité ou les documents ? Il ne nous appartient pas de répondre à ces questions que, de toute façon, les gens du métier se posent chaque année : les paroles ont beau changer, c'est toujours la même chanson...


Les tendances

Autre rengaine annuelle, l'énumération des modes éditoriales.
Fin de la vogue autofictionnelle donc, mais aussi du roman sexuellement explicite, arrivée en revanche de cette fameuse «  actufiction » qui met en scène des personnages inventés dans des contextes actuels tels que l'affaire Elf au Gabon, le « french bashing » anti-français au Etats-Unis ou les évènements qui embrasent l'Afrique depuis quelques années. Dans le même resprit on voit fleurir les romans mettant en scène des célébrités : Descartes, Christine de Suède, Golda Meier et son hypothétique amant palestinien, Léonard de Vinci, Bartabas, Jean Seberg, la liste est longue. On trouve également une belle brochette d'écrivains reconvertis en héros de romans, parmi lesquels Stevenson, et - surprise – Sollers, Houellebecq et Angot, héros du dernier opus de Dominique Noguez. Le baroque et le fantastique ont cette année droit de cité aux côtés du roman psychanalytique (Henry bauchau, chez Actes Sud, François Emmanuel ou Jean-Hubert Gaillot). La nostalgie coloniale fait elle aussi son nid (à croire que les fins d'empires sont longues à digérer) alors que les valeurs sûres perdurent : haine de la famille, pas moins de 25 auteurs règlent cette année leurs comptes avec des familles réelles ou fictives ; romans en temps de guerre, le succès du très beau Les âmes grises de Ph. Claudel, n'y est certainement pas pour rien ; explorations intimes avec un nouveau Marie Desplechin et, quand même, à défaut d'autofiction, un peu de roman autobiographique et de sexe avec « mademoiselle 200 000 exemplaires minimum », Amélie Nothomb, qui contera des ses troubles alimentaires et, en ce qui concerne le sexe, Jacques Henric (l'époux de Catherine Millet) et sa femme, Yann Moix et les partouzes, la prostitution ou la frustration sexuelle chez Florian Zeller ( pas facile de passer après Houellebecq).

Dans la foulée du prolixe Maurice G. Dantec, qui pourtant ne publie pas en cette rentrée, on verra paraître plusieurs « techno-romans » mêlant sciences, littérature et prospective. On note également une floraison de romans nostalgiques à la mode (souvenirs musicaux à la Nick Hornby, Mai 68 à la Olivier Rollin, etc.). Et enfin, bonne nouvelle pour les amateurs, Jean-Paul Dubois publie enfin son Une vie française. Manquerait plus que François Weyergans rende son manuscrit pour que le tableau soit complet. On peut toujours rêver !

Ah, j'oubliais, cette année Christine Angot publie un roman.


Rendez-vous la semaine prochaine pour la littérature étrangère...

H.D.