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Prix littéraires 2004 : c'est parti !

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Publié le 03/11/2004
L'Académie française à Bernard du Boucheron, le Fémina à Jean-Paul Dubois et le Médicis à Marie Nimier...

L'automne, ses feuilles mortes, ses rentrées – des classes, littéraire, sociale - et ses prix...

La saison des récompenses commence. Brève - elle s'étale sur moins de deux semaines - elle est pourtant l'enjeu de batailles dantesques entre éditeurs. A coups de rumeurs, de piques et de petites phrases, les uns et les autres tentent l'info et l'intox pour connaître les intentions des jurys, les devancer ou les contraindre. Car c'est là le véritable enjeu de la rentrée littéraire : les prix !
Et oui, car ils font vendre ces petits bandeaux rouges dont on se dépêche de vêtir les heureux élus. On compte sur 250 000 exemplaires, au moins, pour un Goncourt (L'Amant de Marguerite Duras avait atteint le million) ; Fémina et Médicis tirent à 150 000 en moyenne avec parfois d'excellentes années et les autres prix d'automne, sans atteindre de tels sommets, offrent à leurs éditeurs chanceux une confortable fin d'année.

C'est dire si les premiers jours de novembre sont attendus, non seulement des librairies et éditeurs mais également, bien sûr, des auteurs eux-mêmes, fort attentifs à ces consécrations à la fois marchandes et artistiques. On a souvent dit que la qualité littéraire des ouvrages primés n'était pas le critère d'élection des jurés des grands prix. C'est faire peu de cas d'écrivains comme Olivier Rolin, Jean Rouaud, Pascal Quignard, Jean Echenoz ou Marie N'diaye. Peu de cas et peu d'honneur. Bien sûr les oubliés crieront au complot ; bien sûr on dira que les prix, ce n'est plus ce que c'était ; bien sûr, comme chaque année, défilera son cortège de mines longues tandis qu'au Flore, ou ailleurs, on débouchera des champagnes millésimés pour le bénéfice d'une horde de photographes. Les prix font des grincheux, les prix font des heureux et, plus que tout, les prix font des lecteurs. Et ça, c'est tant mieux.


Et cette année ?

Marie Nimier (photo) est lauréate du Prix Médicis avec son beau La reine du silence dont Roger Nimier, son père, est le personnage central. Enquête sur ces liens qui unissent à jamais père et fille, pour le meilleur et pour le pire, le livre se défend d'être une autobiographie : « dans ce cas, il aurait fallu tout dire ... » répond l'auteur.

Le Médicis étranger va a l'un des deux romans d'Aharon Appelfeld que les Editions de l'Olivier ont eu la bonne idée d'éditer en cette rentrée. Rescapé des camps nazis, aujourd'hui âgé de 72 ans, Applefeld clame encore dans Histoire d'une vie sa foi en l'homme et en l'amour. Optimiste.

Le Fémina va cette année à une des belles gueules de lettres françaises. C'est en effet Jean Paul Dubois qui se voir couronné avec Une vie française qui conte les mille aventures d'un héros bien ordinaire au gré des présidences de notre cinquième république. Un plat qui nous fut certes déjà servi auparavant avec d'avantage de saveur, mais qui aura au moins le mérite de révéler l'auteur au grand public.

Le pendant étranger de Jean Paul Dubois se nomme cette année Hugo Hamilton. Son Sang Impur évoque l'enfance de l'auteur à Dublin au lendemain de la seconde guerre mondiale, entre un mère allemande et un père fanatique engagé dans le combat nationaliste irlandais. Drôle et violent, comme les grands irlandais, il récolte le Fémina étranger

Décerné quelques jours plus tôt, le Grand Prix de l'Académie française couronne cette année un jeune premier de plus de soixante-douze ans. Bernard du Boucheron, après l'ENA et une vie consacrée à une brillante carrière dans l'industrie aéronautique, s'est souvenu des passions de sa vie : la navigation à voile et les cultures scandinaves pour nous offrir un étrange Court Serpent , récit de l'expédition de religieux catholiques partis « ré-évangéliser» l'Ultima Thulé. Follement violent sauvage et poétique, une réussite.

A suivre...

 

Marie Nimier Aharon Appelfeld Jean-Paul Dubois Hugo Hamilton Bernard du Boucheron

 

En voilà un que les prix ont peu concerné et ne concerneront plus. C'est A.D.G. Le sulfureux auteur de polars est mort lundi à 56 ans, d'un cancer. Il était extrêmement à droite, extrêmement de mauvaise foi, souvent dépressif et un peu poivrot. C'était aussi un grand écrivain. Personne n'est parfait.