Avec tous ces rebondissements, on en perdrait presque son latin.
Annonces avancées, prix différés, remises et rumeurs,
intrigues et cancans ne doivent pas nous faire oublier les lauréats et leurs
œuvres. Voici donc un petit récapitulatif (provisoire) de la saison.
Le Goncourt : c'est facile, on l'a clamé partout, Jacques-Pierre Amette se l'est vu décerner pour La Maîtresse de Brecht paru aux éditions Albin Michel. Plongée dans la RDA des années soixante. Cruel et sans concession, ce regard d'un connaisseur des pays d'au-delà le Rideau de fer sur les mœurs d'un état paranoïaque et de ses artistes.
Le Fémina échoit à Daï Sijé, auteur du Complexe de Di, Gallimard. Les tribulations du premier – et seul – psychanalyste lacanien de Chine. Drôle et émouvant.
Le Fémina étranger : La Porte de Magda Szabo, publié par Viviane Hamy, preuve que les jurys couronnent parfois de " petits " éditeurs.
Le Fémina essai va fort Logiquement au grand Jean Hatzfeld, grand reporter et chroniqueur des horreurs du génocide Rwandais dans Une saison de machettes, Seuil.
Le Médicis consacre cette année Hubert Mingarelli et son Quatre soldats, Seuil, récit d'une erratique pérégrination de quatre déserteurs de l'Armée Rouge et d'un jeune enrôlé de force.
C'est le grand Enrique Vila-Matas et son Mal de Montano, publié chez Christian Bourgois qui se voit décerner le Médicis Etranger . Spécialiste des écrivains sans œuvre et des fous littéraires, Vila-Matas explore ici les veines de la passion littéraire dans ce qu'elle a de plus fou.
Il existe aussi un Médicis Essai qui est cette année allé à Michel Schneider pour Morts Imaginaires, où l'on voit qu'il n'est pas si aisé de passer élégamment à la postérité.
Décembre fin octobre, c'est Régis Jauffret qui a reçu l'anti-Goncourt pour Univers, univers (Verticales) ou les mille vies rêvées et vécues d'une femme dans sa cuisine. Etonnant et chaudement recommandée par les libraires de Mollat.
Fin de la première salve avec Jean-Noël Pancrazi qui est couronné par l'Académie Française et son prix pour Tout est passé si vite (Gallimard).
La suite bientôt…
Dernière Minute (03/10/2003)
Le Prix Renaudot 2003 a été attribué à Philippe Claudel pour Les Âmes grises (Stock). Récit d'un fait divers sur fond de première guerre mondiale, Les Âmes grises était l'un des favoris des prix, réunissant, pour une fois, les suffrages de la critique, des libraires et des lecteurs, puisqu'il figure au palmarès des meilleures ventes depuis sa parution. A noter que Philippe Claudel fut, ce printemps, lauréat de la Bourse Goncourt de la nouvelle pour Les petites mécaniques (Mercure de France).