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Soljenitsyne, le courage d'écrire

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Publié le 28/07/2011
Sur les bords du Lac Léman, à Cologny, en Suisse, la fondation Martin Bodmer rend hommage, dans une exposition exceptionnelle, au prix Nobel de littérature, porte-voix des millions de victimes du monde concentrationnaire soviétique, Alexandre Soljenitsyne.
1945. L'officier de l'Armée rouge, Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne, est condamné à huit ans de prison dans les camps de travail pour « activité contre-révolutionnaire », pour avoir critiqué dans sa correspondance privée la politique de Staline et ses compétences militaires. A sa libération en 1953, l'homme est dans un premier temps envoyé en « exil perpétuel » avant d'être réhabilité (1956) et autorisé à rentrer en URSS où il va enseigner les sciences dures.
1962. Nikita Khrouchtchev autorise la publication d'Une journée d'Ivan Denissovitch. Le roman, qui décrit les conditions de vie dans un camp de travail forcé soviétique du début des années 1950 à travers les yeux d'un zek, fait l'effet d'un coup de tonnerre à l'échelle mondiale.
Cependant, sur fond de Guerre froide, le régime se durcit à nouveau et la censure fait rage.
1970. L'écrivain russe, qui est parvenu à publier le premier tome de La roue rouge (ainsi que Le premier cercle et Le pavillon des cancéreux), ne peut se rendre à Stockholm pour recevoir son prix Nobel de littérature sous peine d'être déchu de sa nationalité. Surveillé de près par le KGB, Soljenitsyne et son entourage font l'objet d'une persécution grandissante.
Lorsque paraît à Paris en 1973 L'archipel du goulag, où il expose le système concentrationnaire soviétique du Goulag, qu'il a vécu de l'intérieur, et la nature totalitaire du régime, un texte qu'il a difficilement rédigé en cachette pendant près de dix ans, l'écrivain est arrêté, puis exclu de son pays natal.
Dans son exil suisse puis américain, Soljénitsyne ouvre le plus grand chantier d'écriture du siècle, La roue rouge, immense enquête sur la révolution russe de 1917. Le courage d'écrire eut raison du régime communiste.

Des milliers de pages manuscrites, les documents de toute une vie, des objets personnels de l'auteur (comme son caban de zek) sont pour la première fois exposés, dans cette rétrospective exceptionnelle. A voir à la fondation Martin Bodmer jusqu'au 16 octobre.