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Sombre seigneur

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Publié le 02/01/2003
Les deux tours, second volet du Seigneur des anneaux vient de sortir sur nos écrans. A cette occasion, un bref retour sur Tolkien et son oeuvre...

Ce n'est plus une mode, c'est une déferlante ! Les adaptations cinématographiques de best-sellers éditoriaux font recette à Noël. Le phénomène n'a rien de nouveau, aux premiers temps du cinématographe le " film d'art ", adapté d'une œuvre littéraire célèbre était un genre à part entière. Témoins la célèbre série des Fantômas muets ou les centaines de versions en images des Trois mousquetaires.

  Ici et là on entend dire que ce retour aux textes fameux masquerait une crise du scénario et que les producteurs, effarés devant les coûts de plus en plus élevés des tournages, trouveraient plus rassurants de porter à l'écran des histoires ayant déjà fait leurs preuves en librairies.
On doute que le producteur du Seigneur des Anneaux ait pu tenir ce raisonnement. Les droits pharaoniques payés aux héritiers de J.R.R. Tolkien pour pouvoir adapter sa trilogie, la qualité des acteurs engagés, celle des décors et autres effets spéciaux sont tels que cette adaptation doit représenter un énorme pari financier.
Pari en passe d'être gagné si l'on en juge par les scores phénoménaux réalisés partout dans le monde par La Communauté de l'anneau, premier des trois films qui suivent (à peu de choses près) le découpage imaginé par Tolkien lui-même.

  Ce distingué professeur de littérature médiévale qui enseignait à Oxford, linguiste érudit et amateur de légende, entra presque par hasard dans la carrière littéraire. La légende veut qu'il aimait à distraire ses enfants d'histoires par lui inventées, souvent inspirées des légendes qu'il étudiait et enseignait. Un jour qu'il corrigeait de laborieuses dissertations, il profita d'une page laissée vierge par un étudiant pour y écrire : " Dans un trou vivait un hobbit. " Il n'avait pas la moindre idée de ce que pouvait être ce hobbit qu'il venait d'inventer, mais la suite venant, il coucha par écrit un début d'histoire sans savoir comment elle finirait. Ainsi naquit Bilbo le Hobbit, conte pour enfants, qu'une de ses étudiantes devenue éditrice lui proposa de publier. Ce qui fut fait en 1937. Immédiatement. Tolkien, son hobbit à pieds velus et Gandalf le Gris connurent le succès en Angleterre.

  George Allen - l'éditeur - désireux de voir donner une suite à ce livre se vit répondre par l'auteur qu'il n'avait plus rien à dire. L'idée fit toutefois son chemin chez le professeur d'Oxford et, peu à peu, convoquant tous ses savoirs, rassemblant des idées éparses et autres notes oubliées, Tolkien réinventa la Terre du Milieu pour en faire ce monde noir, menacé par le mal absolu que connaissent si bien les amateurs du Seigneur des anneaux. Reprenant l'histoire quelques dizaines d'années après qu'il a laissé Bilbo, de retour dans son village, profiter de sa retraite on rencontre Frodon, neveu de Bilbo, qui se voir transmettre par son cher oncle la lourde responsabilité de l'anneau maléfique dont la possession donnerait à Sauron (le super méchant de l'histoire) un pouvoir absolu sur les choses du monde. Hanté par la mort, le désespoir et l'échec, mais aussi par cet irrépressible désir de vivre malgré tout dont Tolkien, ancien combattant de la Grande Guerre, avait du faire l'expérience dans les tranchées, l'énorme livre – 1500 pages au moment de sa publication en 1954, ne connut qu'un succès d'estime en Angleterre. Ce n'est qu'une dizaine d'années plus tard, lors de sa publication américaine au format de poche, que Le Seigneur des Anneaux devint le livre culte qu'on connaît aujourd'hui. Accédant au rang de mythe, l'histoire de Frodon est aujourd'hui considérée par les lecteurs anglo-saxons comme un des ouvrages majeurs du XXème siècle. Chaque génération de lecteurs y trouve son grain à moudre. Là où les lecteurs des campus américains voyaient une allégorie contre la guerre du Viêt-Nam, le lecteur actuel pourra trouver un roman de Fantasy, un conte écologique, un roman historique ou un mythe celte. Le seigneur des Anneaux est tout cela et bien plus encore. C'est certainement ce qui rend sa lecture si passionnante. On ne peut être qu'ébahi devant l'incroyable œuvre d'imagination de Tolkien, inventeur d'un monde, de dizaines de langues toutes dotées d'un lexique et d'une grammaire, d'un univers dont la cohérence nous surprend à chaque page.

  Tâche ardue donc pour Peter Jackson que de porter à l'écran ces incroyables aventures. Si l'on en croit les spécialistes du genre présents lors de la rencontre avec Vincent Ferré, référence " tolkieniste ", qui a eu lieu dans les salons Albert Mollat, le mardi 17 décembre, le second volet de la saga cinématographique est à la hauteur du premier. Foisonnant et imaginatif, il n'est peut-être pas l'égal du roman, mais en tout cas un bel hommage rendu au romancier.

  A suivre le 17 décembre 2003, pour la sortie en salles du Retour du roi, troisième et dernier volet du Seigneur des Anneaux. Pour patienter vous pourrez toujours lire et relire Le Seigneur, ainsi que les huit autres volumes que compte l'œuvre de Tolkien traduite en Français. Les anglophones pourront ensuite s'attaquer aux treize tomes d'inédits rassemblés par Christopher Tolkien, digne fils de son père.

En savoir plus :

Le site de Vincent Ferré

Le site du Seigneur des Anneaux (les films)